Algérie

Yasmina Adi au Quotidien d'Oran : «Cette histoire je l'avais entendue de la bouche de mes parents»



C'est un film qui va faire beaucoup de bruit, en France et en Algérie, qui sera diffusé, ce jeudi 8 mai 2008, dans la soirée, par la chaîne de télévision France 2. Réalisé par Yasmina Adi, ce documentaire de 52 minutes, intitulé l'Autre 8 mai 1945, revient sur les tragiques événements qui ont eu lieu en Algérie. Pour la première fois, des témoins importants parlent de cette tragédie et se souviennent de l'horreur. Pour la première fois, on va connaître les appréciations des services secrets anglais et américains sur ces dramatiques événements. Yasmina Adi nous en dit encore plus dans cette interview. Le Quotidien d'Oran : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Yasmina Adi : J'ai 33 ans et je suis originaire de Grenoble, j'habite à Paris depuis quinze ans pendant plusieurs années j'étais première assistante à la réalisation. L'autre 8 mai 1945 est le premier film documentaire que je réalise. Q. O.: Comment avez vous eu l'idée de faire un film sur le 8 mai 1945 ? Y. A.: L'idée de ce documentaire m'est venue en plein débat sur l'article 4 de la loi du 23 février 2005. On prévoyait alors l'inclusion dans les manuels scolaires du «rôle positif de la présence française en Afrique du Nord». Cette controverse a fait resurgir plusieurs histoires absentes des manuels scolaires, dont la plus emblématique est la répression du 8 mai 1945 en Algérie. Cette histoire, je l'avais entendue de la bouche de mes parents, originaires de la région de Constantine. Et j'avais envie d'en savoir plus, d'enquêter et de retrouver les témoins des faits. Q. O.: Avez-vous eu des difficultés pour réaliser ce documentaire? Y. A.: Retrouver en Algérie et en France des témoins de premier plan plus de 60 ans après les faits dans une région excessivement vaste n'a pas été une mince affaire. J'ai néanmoins obtenu les témoignages de Chawki Mostefaï, le créateur du drapeau algérien, créé pour les manifestations du 8 mai 1945, Aïssa Cheraga le porteur de drapeau de la manifestation de Sétif ou celui de condamnés à mort en 1945 qui ne retrouveront finalement la liberté qu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962 mais aussi le témoignage de Français qui gardent un sentiment très marqué de peur de cette période ou celui du premier reporter arrivé sur les lieux en mai 1945. Parallèlement à cette enquête de terrain, la consultation des archives françaises mais également anglaises à Londres et américaines à Washington a été un challenge. Mais c'est ce que je voulais : offrir un nouvel éclairage grâce à des archives et des témoignages inédits. Q. O.: Pensez-vous que votre film va engager un débat en France sur ce qui s'est passé durant le 8 mai 1945 en Algérie? Y. A.: En décrivant les deux visions françaises et algériennes, en apportant les documents des alliés, j'espère que mon film pourra contribuer à un tel débat. Un débat qui rebondit aujourd'hui avec les récentes déclarations de l'Ambassadeur de France en Algérie, M. Bajolet, à l'Université du 8 mai 1945 à Guelma. Les termes «d'épouvantables massacres», d'événements qui «ont fait insulte aux principes fondateurs de la République française et marqué son histoire d'une tache indélébile» s'opposent au discours de l'anti-repentance encore très présent en France. Q. O.: Quels sont vos projets ? Y. A.: Après ce projet très lourd tant du point de vue émotionnel et professionnel, je vais prendre un peu de vacances. avant de m'atteler à un nouveau film documentaire. Mais il est peut-être encore un peu tôt pour en parler.
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