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Yakouren sacrifié
Le massif forestier de Yakouren, surnommé Bois Sacré au temps de la colonisation, connaît ces dernières années une agression environnementale d'une rare violence. Une décharge y a été aménagée, avec l'assentiment des pouvoirs publics, pour être le réceptacle des ordures ménagères de la localité. Connue pour être un centre d'oxygénation pour des athlètes de haut niveau dans les années 1980, la forêt de Yakouren n'offre plus l'air pur et frais qui faisait sa réputation. Ce sont les fumées toxiques provenant de la combustion spontanée des ordures qui empestent l'air, suscitant autant de désagréments que d'interrogations chez les automobilistes empruntant la RN12, notamment en soirée, ne comprenant pas l'origine de cette déferlante toxique, à l'opposé de l'air pur attendu dans ce cadre naturel.
Au gré du vent, les fumées atteignent les zones habitées, à la périphérie de la forêt, notamment l'hôpital d'Azazga et les riverains.
Le recours à une décharge en pleine forêt de Yakouren remonte à plusieurs années, après l'échec du projet d'implantation d'un centre d'enfouissement technique (CET), le programme ayant buté sur des oppositions de citoyens. N'ayant pas pu trouver un terrain d'entente pour relancer le projet, les autorités se sont rabattues sur une solution qui paraissait facile, mais dont les effets sur l'environnement sont incommensurables. Parce que la flore et la faune ne pouvaient pas protester, de même que les services en charge du patrimoine forestier, il a été décidé de sacrifier le poumon écologique de la région.
L'échec est en fait partagé. L'administration n'a pas pu réaliser le programme qu'elle s'est assignée dans le but de préserver la santé publique et l'environnement. Les élus locaux n'ont pas réussi à établir un dialogue avec les opposants au projet de CET pour lever leurs réticences et permettre la réalisation du programme affecté par les autorités centrales. Le mouvement associatif, ultime relais pour dépasser les situations de blocage, a brillé par son absence. Aucune initiative pour enclencher le débat n'a été prise depuis des années, alors que le feu est en permanence dans la forêt. Les associations écologiques et de protection de l'environnement, qui ont été créées en nombre à la faveur des financements européens, sont mises en mode veille. Elles auraient pu au moins rappeler que «plus de 2000 substances toxiques présentes dans les fumées n'ont pas fait l'objet d'étude sanitaire et que l'on n'a pas le recul épidémiologique suffisant pour juger de la toxicité de certaines substances».


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