Algérie - Revue de Presse

Y a-t-il un moment de vérité ?



L e congrès de l?ONM ne sera pas serein. Les travaux de ces assises sont minés par l?affaire des faux moudjahidine. C?est un feu qui couve depuis longtemps et qui retarde le congrès depuis trois années. Il va y avoir donc de sérieux affrontements si l?on considère qu?il y a peut-être des faux moudjahidine, y compris parmi les congressistes, voire quelques-uns d?entre ces derniers qui ont travaillé pour le compte de l?armée coloniale. L?immense préjudice est à facettes et dimensions multiples. Il est d?abord et surtout moral. Voilà une nation soumise durant 132 ans à une terrible et interminable période d?occupation qui consent les sacrifices que l?on sait pendant une longue guerre de Libération et qui se retrouve prise en otage par des faussaires qui confisquent honteusement à leur profit les combats et les sacrifices de millions de personnes. La forfaiture est inacceptable d?autant qu?il ne s?agit pas de rares brebis galeuses qui se seraient infiltrées en profitant de quelques moments de laxisme. Non, il s?agit d?au moins 10 000 faussaires et certainement plus, sachant que les institutions n?ont pas traité ce dossier dans la transparence qu?exige un phénomène aussi tentaculaire. Les responsables au plus haut niveau, y compris ceux de la présidence de la République, ont tout simplement ignoré le problème. Les députés se sont toujours voilé la face et les gouvernements qui se sont succédé depuis que Benyoucef Mellouk, a révélé au début des années 1980, l?ampleur des dégâts ont toujours préféré détourner leurs regard. En d?autres termes, il y a eu complicité. Faut-il continuer à se voiler la face ? C?est que, en plus du préjudice moral, cette escroquerie coûte énormément aux finances du pays (entre les pensions, les prêts bancaires bonifiés ou consentis sans intérêt, les prêts effacés, les terrains à bâtir, les coopératives, les logements et autres licences permettant d?avoir commerce ou usine) sans compter les clés magiques que permet la qualité d?ancien combattant pour accéder aux postes si convoités de la responsabilité étatique. Il est aujourd?hui grand temps de mettre fin à l?arnaque, d?effacer la honte afin d?honorer la mémoire de ceux qui sont tombés durant la guerre et rendre le respect au combat de ceux qui se sont réellement battus pour que soit libre ce pays. Un premier geste est aussi nécessaire qu?incontournable : rendre justice et réhabiliter le moudjahid Benyoucef Mellouk qui a combattu pour la liberté et puis pendant vingt ans pour la vérité.
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