Xénophobie en Italie : Un extrémiste tue deux Sénégalais Epoque : les autres articles

Un extrémiste de droite a pris pour cible, lundi dernier, des marchands ambulants africains, tuant deux d'entre eux et en blessant trois autres.
Rome
De notre correspondante
Personne n'imaginait ce qui allait se passer, en cet après-midi tranquille de fin d'automne. Les passants s'attardaient devant les étalages du marché de la place Dalmazia, à Florence, pour tenter de dénicher un cadeau pas trop cher à offrir pour les fêtes de Noël. La crise économique pousse les Italiens, cette année, à faire preuve de parcimonie, et les échoppes des Africains qui proposent des produits d'artisanat à bons prix sont les plus visitées.
Soudain, le bruit de plusieurs déflagrations provoque un véritable mouvement de panique. Un homme blanc, la cinquantaine, armé d'un pistolet, vient de tirer en direction d'un groupe de Sénégalais. Deux d'entre eux s'écroulent par terre, morts. Le tueur fonce vers un autre groupe avant que les passants ne puissent comprendre ce qui se passait. Certains le prennent en photo avec leur téléphone portable. Parvenant à s'échapper, l'homme se dirige vers le marché San Lorenzo, proche de la cathédrale Santa Maria del Fiore (le Dôme) visitée chaque année par des milliers de touristes.
Arrivé sur place, l'homme armé poursuit un autre Sénégalais qui tente de se faufiler entre les étals pour échapper à son agresseur qui réussit à l'abattre. Cette folle chasse aux Africains ne prend fin que lorsque les carabiniers, qui ont accouru sur les lieux, parviennent à localiser le tueur qui succombe à des tirs d'armes. Des versions contradictoires parlent de suicide, alors que d'autres témoins affirment qu'il aurait été atteint par des balles lors de l'accrochage avec les forces de l'ordre. Cette attaque raciste contre de modestes immigrés africains, qui tentent de survivre en vendant des bricoles, a profondément choqué la communauté sénégalaise et les autres immigrés qui se sont rassemblés pacifiquement pour exprimer leur douleur et leur préoccupation. Les amis et voisins du tueur ont affirmé «être surpris par son geste». Selon eux, Gianluca Casseri, originaire de Pistoià, aurait agi sur une pulsion démentielle, car il souffrait de dépression et de solitude.
Mais le passé de l'homme ne plaide pas en faveur de cette version. Inscrit à une organisation d'extrême droite, Casa Pound, et à une association locale extrémiste Sur les murs de Pistoià, Casseri était idéologue et écrivain connu pour ses positions radicales qui épousaient les dogmes de l'extrême droite raciste. Il était signalé au niveau des forces de l'ordre pour sa participation à plusieurs manifestations fascistes non autorisées. Plusieurs forums et sites internet proches de l'extrême droite ont salué son geste criminel, le définissant un des leurs.