Washington en quête d'une issue politique

La guerre au Yémen, engendrant une crise humanitaire sans précédent et des destructions massives, risque de s'enliser en l'absence de progrès dans les négociations de paix. Un enlisement lourd de conséquences, à tout point de vue, notamment pour les belligérants. Les pays membres de la coalition l'ont parfaitement compris. C'est ce qui explique l'opportunité de la mission de grande importance que s'est assignée la Maison Blanche en dépêchant son secrétaire d'Etat, John Kerry, en Arabie saoudite dans le but de faire le forcing pour parvenir à une solution politique. Washington, sous la pression de certains milieux politiques, semble décidé à user de tous les moyens et surtout de son influence pour favoriser une issue politique, avant la fin de l'année, en relançant le plus tôt possible les pourparlers de paix, récemment suspendus. Arrivé hier à Jeddah, pour une mission de deux jours, le diplomate américain rencontrera le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed et ses homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG), actif dans la coalition conduite par l'Arabie saoudite contre les rebelles houthis au Yémen. De l'avis de certains analystes, la situation ne prête guère à l'optimisme. Les chances d'une réelle avancée restent minimes. Pour les experts américains, l'approche internationale pour résoudre ce conflit s'appuie sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui signifie, si elle est appliquée, le retrait des rebelles de la capitale Sanaa et d'une bonne partie du nord du Yémen. Après 17 mois de conflit, les rebelles ne comptent pas céder dans le nord du Yémen et les troupes gouvernementales tentent de leur reprendre Taëz, grande ville du sud-ouest, après avoir récupéré une bonne partie du sud. Dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, ce sont les civils qui font les frais de cette guerre d'intérêt. Les organisations humanitaires ont, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme sur la détérioration de la situation hu-manitaire. Selon l'ONU, la guerre a fait 6.500 morts alors que des millions d'habitants sont en situation alimentaire précaire et souffrent de pénuries d'eau et de l'absence de soins médicaux. Les Etats-Unis qui apportent une assistance logistique et en matière d'information à l'opération de la coalition, ont récemment exprimé leur inquiétude après la mort, le 15 août dernier, de dix-neuf personnes dans un raid aérien de la coalition contre un hôpital du nord du pays.