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Finalement, tous les partis du monde se ressemblent. Regardez ce qui se passe actuellement au sein de ce grand parti se réclamant du gaullisme qui a dirigé la France pendant des années, en l'occurrence l'UMP, et qui aujourd'hui n'arrive même pas à gérer convenablement un scrutin interne pour désigner son chef. Cela nous rappelle étrangement les luttes fratricides qui ont eu lieu au sein de notre parti dominant, le FLN, pour la question centrale du leadership. Bien sûr qu'entre le FLN et l'UMP il n'y a pas de similitudes possibles en matière d'idéologie, l'un se situant dans l'axe nationalo-conservateur qui n'a en fait aucun projet précis de société à soutenir, mais qui s'appuie toujours sur le régime en place et sur les moyens de l'Etat pour rester la première force du pays, l'autre se transformant avec le temps en un drôle de pot pourri qui résiste difficilement à la tentation de glisser vers les extrêmes, tout en donnant l'illusion de défendre toujours les valeurs de la droite traditionnelle.
S'ils ne peuvent pas être comparés, les deux partis se rejoignent au moins sur l'esprit de magouille qui caractérise leur fonctionnement interne. Au FLN, comme d'ailleurs dans la plupart de nos partis, le leader n'est jamais élu démocratiquement dans la transparence. Il est imposé par les rapports de force qui conviennent à la conjoncture et évidemment au système. En fait, le FLN incarné aujourd'hui par Abdelaziz Belkhadem qu'aucun mouvement de dissidence ou de redressement n'a pu ébranler malgré tous les travers qui lui sont imputés, n'éprouve pas la moindre gêne à nous parler de démocratie et de respect des lois fondamentales de l'équité et de la justice quand lui même refuse de s'appliquer la plus élémentaire des règles démocratiques.
C'est le même topo chez les héritiers du RPR, cher à l'ancien président Jacques Chirac. Le parti, laissé orphelin par Sarkozy qui l'a malaxé au passage au gré de ses ambitions politiques en prenant acte de sa propre dérive qui le mène tout droit à l'implosion, avoue découvrir avec stupéfaction, pour la première fois de son existence, la réalité de l'exercice démocratique à l'occasion de cette élection du nouveau président. «Nous avons toujours eu un chef plébiscité derrière lequel il fallait s'aligner. Elire un patron, c'est tout à fait nouveau pour nous'», disent les adhérents. Ce qui donc devait être une formalité simple à organiser s'avèrera être une vraie bombe à retardement, prête à exploser à n'importe quel moment au grand dam des militants et sympathisants de ce parti qui n'en reviennent pas de voir à quel point la course pour le pouvoir est plus déterminante que la défense de l'intérêt général de la famille politique à laquelle ils appartiennent.
Le pouvoir pour le pouvoir, ici ou ailleurs, reste en vérité la seule motivation valable qui détermine l'engagement politique. Tout le reste n'est qu'habillage, nous confie un politologue qui pense qu'en Algérie le mal est plus digérable, plutôt n'a pas la même résonance dans une société qui commence à peine à se construire, lorsqu'on sait que dans les grandes démocraties occidentales ou supposées comme telles, qui ont des siècles de pratique derrière elles, on s'aperçoit que finalement face aux enjeux de l'exercice du pouvoir, les reflexes demeurent les mêmes.
Derrière les propos de bonnes intentions formulées pour s'investir dans l'action permanente au service de la société se dissimule mal le virus de l'ambition personnelle qui, si elle n'est pas maîtrisée à temps, fera un jour ou l'autre d'énormes dégâts. C'est le cas avec ce qui se passe au sein de l'UMP, où deux ambitions féroces s'affrontent non pas pour diriger le parti dont l'occupation du premier siège reste un simple tremplin, mais bien pour la présidentielle de 2017 qui apparaît comme une perspective pas tellement lointaine et surtout très jouable si on continue de miser gros sur le glissement d'une gauche au pouvoir, qui ne sait elle-même pas où aller.
Cela nous ramène fatalement à notre élection locale qui connaîtra son dénouement à partir d'aujourd'hui, avec le scrutin qui est organisé pour désigner les nouveaux présidents d'APC. Toutes proportions gardées, un maire dans une commune a beaucoup de pouvoir qui n'est pas toujours apparent. Et c'est pour s'emparer de ce pouvoir que les partis en lice se sont mobilisés des semaines durant pour «vendre» leurs qualités de vrais militants 'uvrant pour la cause nationale et l'intérêt général. Dans une campagne électorale ennuyeuse à en mourir, à laquelle ont pris part comme à leur habitude ' service public oblige ' la télévision et la radio nationales, les postulants ont dit pratiquement tous la même chose. Ils ont tous parlé au nom des algériens et ont tous promis d'être honnêtes, loyaux, sincères, intransigeants avec la corruption, la bureaucratie, la hogra, motivés pour travailler mieux que les maires sortants, s'agissant souvent d'eux-mêmes.
Entre les paroles et les actes, les algériens savent cependant aujourd'hui plus qu'hier faire la différence. Quand on donne la parole aux citoyens, on entend en fait un autre son de cloche. Une fois élu, on n'entend plus parler du maire' laisse-t-on entendre le plus souvent. Les gens de la commune ne le connaissent pas, on ne le sent pas près des préoccupations du citoyen. Voilà une vérité que les pouvoirs publics n'ignorent pas. Et pourtant, ils refont avec les partis le même parcours avec les mêmes pratiques qui sont loin de refléter l'esprit démocratique dont on parlait plus haut et qui devait apporter un vrai changement dans la constitution du personnel politique. Que faut-il attendre de ces élections ' A part l'abstention qui risque d'être importante, pas grand-chose. La raison est que tant que l'esprit électoraliste ne change pas, tant qu'on n'instaure pas une réelle culture démocratique, les choses resteront en l'état.
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