Algérie - A la une


Vu à la télé
C'est à une campagne électorale sans attrait, triste, plutôt ennuyeuse et improductive, que sont conviés les Algériens. On n'a pas besoin d'une enquête d'opinion approfondie pour s'en rendre compte, il suffit de tâter l'atmosphère ou l'ambiance générale qui prévalent ici et là pour aboutir à ce constat pour le moins catastrophique, à mettre évidemment sur le compte des organisateurs et des sponsors politiques.Comparées aux précédentes consultations électorales , les législatives de 2017 accusent, en matière de communication, un recul encore plus marquant, en raison de l'amateurisme flagrant qui accompagne les démarches des postulants et du peu de conviction qui caractérise la prise en charge des différentes phases de la compétition.Les officiels ont beau appeler au vote massif pour crédibiliser le scrutin, en insistant sur les bonnes conditions administratives retenues pour promouvoir la libre expression et la fiabilité du challenge, on a la nette impression que l'on se dirige tout droit vers une forte abstention, qui serait plus conforme au désintérêt qu'accordent les citoyens à cet événement.Mais comment rendre attractive une campagne présentée comme «salutaire» pour l'avenir du pays, quand les animateurs envoyés sur le terrain pour s'adresser aux foules et les orateurs sélectionnés par leurs partis pour investir les créneaux médiatiques (télés et radios) semblent eux-mêmes perdus dans une péripétie (une intrigue ') sans perspective claire, qui ne suscite aucun enthousiasme.Les écrans de télévision publics et privés choisis par le ministère de la Communication pour porter cette élection renvoient, à ce propos, l'image d'une campagne en panne d'idées novatrices sur des projets réalistes, des séquences d'une médiatisation à sens unique, dans laquelle le citoyen ne se sent pas concerné, en somme le reflet d'un monologue qui prend l'allure d'une simple formalité de calendrier.Mais à qui s'adressent ces intervenants envoyés au charbon pour capter l'attention, mais qui n'ont ni le charisme ni la faculté oratoire pour ce type de mission ' D'ailleurs, ils font peine à voir ces représentants politiques, qui, faute de pouvoir expliquer un semblant de programme, se lancent dans des rhétoriques sans fin, dans le seul but de remplir le temps de passage accordé à leurs partis. On se demande qui ferait l'effort de les suivre dans cet exercice médiatique, qui relève davantage d'une discipline bureaucratique bête et méchante que d'une réelle volonté d'aller chercher l'adhésion du citoyen sur les registres qui lui sont familiers et accessibles.En fait, ce qui intéresse les instances dirigeantes, c'est de rassembler le maximum de voix pour montrer l'empreinte populaire de l'élection et témoigner à l'opinion internationale qu'une implication massive des Algériens dans le renouvellement de l'institution parlementaire est une preuve supplémentaire de la stabilité du pays que le régime se fait un devoir de revendiquer. C'est, au demeurant, l'argument massue de tous les représentants du pouvoir en charge de la propagande électoraliste qui est développé, pour essayer de donner du sens à une élection, qui, visiblement, bat de l'aile par ses incohérences et sa matrice populiste.Et si le citoyen a du mal à s'intégrer même s'il fait l'effort de vouloir comprendre l'importance des enjeux qu'on lui présente souvent avec beaucoup de démagogie, c'est qu'il ressent fortement un air de déjà-vu et entendu, autrement dit une impression de remise au goût du jour d'anciennes recettes qui ont toutes fait faillite. Depuis toujours, les élections en Algérie, quelle que soit leur nature, ont été une sorte de combinaison de filoutage à l'avantage du décideur et rarement à celui du citoyen. Plus terre à terre, cela veut dire que la voix du citoyen ne compte que pour faire élire le postulant dans un processus, où le rapport entre l'élu et l'électeur est complètement bafoué.Nous ne voulons pour preuve que l'attitude méprisante dans laquelle s'installent les élus du pouvoir, lesquels, une fois maîtres de l'enceinte parlementaire, ne se croient plus obligés de rendre des comptes à ceux qui les ont élevés à ce rang, encore moins de défendre leurs intérêts. Pris dans le rituel de la compromission, et aussi, il faut le dire, dans celui de la corruption qui s'est propagée dans les rouages institutionnels, les vainqueurs des listes engagées sorties des urnes, et aidés souvent par la fraude, oublient facilement leurs missions lorsqu'il y a plus à prendre du côté du pouvoir que de celui du peuple.Il faut se convaincre que la tentation de pouvoir appartenir au cercle des décideurs avec tous les avantages matériels que cela procure est plus forte que la fidélité aux valeurs pour lesquelles on a milité. Il est évident que tous les députés ne sont pas à classer dans la même veine prédatrice, cette catégorie d'un clientélisme ravageur qui a terriblement entaché l'image de l'institution, mais si les citoyens ne croient plus en la capacité de celle-ci de se transformer et continuent de la considérer comme une affreuse courroie de transmission, c'est que le mal est plus profond qu'on l'imagine.Cette sale réputation colle à la peau de la vénérable assemblée, au point que pas le moindre espoir de changement pour la remettre dans le chemin de ses véritables attributions n'effleure aujourd'hui les esprits. C'est encore plus mortel d'entendre les citoyens dire qu'aucun représentant du Pouvoir n'arrivera, malgré les discours pompeux qu'il développe et au train où les manipulations continuent de se fomenter, à les persuader qu'un jour l'Algérie sera dotée d'une Assemblée nationale, dont la composante sera le fidèle miroir de la société dans toute sa diversité.Le contre-pied de cette réflexion est que si le FLN et le RND, les deux cylindrées du pouvoir, seront encore la vitrine de l'institution, c'est la preuve formelle que la députation reste un instrument de domination et non pas un espace de confrontation pour permettre au peuple de reconquérir ses droits de contrôle sur ses dirigeants et sur l'utilisation des deniers publics.
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