Algérie - A la une


Vu à la télé
Si le Premier ministre trouve que la situation à In Salah est «normale», pourquoi envoyer les troupes de l'armée pour tenter une énième fois de ramener le calme dans une région où la population est en colère depuis des mois et que ni les forces de police ni de gendarmerie n'ont pu rassurer ' On peut se poser donc des questions sur la réaction pour le moins inconsidérée ? pour ne pas dire désinvolte ? de Sellal face à un grave problème de société qui, faute d'avoir été géré à temps et surtout sérieusement, au niveau de sa triple dimension politique, sociale et économique a fini par prendre des proportions dramatiques qui ont largement dépassé les contours d'une banale contestation populaire comme on a pris l'habitude d'en voir à travers toutes nos wilayas.La grogne citoyenne, qui a été opposée au coup de force pour l'exploitation du gaz de schiste, s'est installée dans la durée au fur et à mesure que les autorités maintenaient leur détermination à aller jusqu'au bout de leur projet. C'est dire que malgré toutes les explications données officiellement pour justifier les motivations de la recherche de cette nouvelle source d'énergie non conventionnelle, à commencer par celles du président de la République,qui a été amené à s'impliquer personnellement pour montrer que la position de l'Etat dans cette affaire est plausible, le courant n'est jamais passé entre les populations contestataires et les pouvoirs publics.Jusqu'à ce jour, le bras de fer engagé en raison, d'une part, de l'obstination du gouvernement à vouloir mener son entreprise avec cet esprit d'avoir raison sur tout, et d'autre part de la conviction des citoyens à ne pas céder face à un réel danger écologique, ne semble pas avoir trouvé un terrain de conciliation durable.Qui est vraiment dans le vrai ' C'est la source même du conflit qui est aujourd'hui en débat et que les «experts» dépêchés par les pouvoirs publics pour dénouer l'écheveau peinent à rendre audible. Cependant, si la résistance des populations du Sud a été un élément-clé dans cette opposition pacifique pour faire valoir une revendication strictement citoyenne, comparable à celle qui exige la démocratie et la liberté d'expression, c'est dans l'absolu le déficit de crédibilité qui caractérise les représentants de l'Etat qui serait le point nodal de cette triste confrontation.Ce face-à-face entre gouvernants et gouvernés issu de la contestation populaire contre le gaz de schiste, révèle en effet au-delà des projections économiques stratégiques dont on dit qu'elles sont pourtant vitales pour le pays, l'ampleur de la perte de confiance que les Algériens éprouvent vis-à-vis de leurs dirigeants.De ce point de vue, beaucoup diront que même si les thèses du gouvernement restent défendables, il est de plus en plus difficile de les faire admettre à une opinion publique qui ne croit plus à rien, trop échaudée par des interventions officielles qui ne reflètent souvent pas la réalité. En fait, le mensonge d'Etat a trop sévi dans pratiquement toutes les conjectures qui mettent le système à mal pour prétendre encore pouvoir jouer un rôle de régulateur dans des situations conflictuelles comme c'est le cas à In Salah, et sortir évidemment indemne.Les choses semblent avoir changé, et si le premier magistrat du pays n'est pas arrivé à convaincre les habitants de cette région que leur position ne tient pas la route compte tenu des véritables motivations du gouvernement qui ne dépasseraient pas le cadre de l'exploration pour connaître la teneur des gisements, c'est qu'il y a un sérieux problème de crédibilité de la part des instances dirigeantes.Mais comment se faire entendre et instaurer la compréhension quand le Premier ministre, qui doit être le communicant le plus déterminant dans ce genre d'épreuve, continue de faire dans la désinformation et la démagogie pour montrer que son gouvernement assume pleinement ses responsabilités alors que la situation reste explosive.Les observateurs ont trouvé fâcheuse cette attitude d'un responsable de haut rang qui veut noyer le poisson dans l'eau juste pour soigner son image, alors que lui-même s'était déplacé dans les zones de turbulences pour essayer d'éteindre le brasier. Pour lui, ce qui se passe dans cette lointaine contrée du Sud ne serait donc rien d'autre qu'un fait divers maitrisable, qui plus est qui relève d'une tentative de manipulation de la part des partis de l'opposition pour déstabiliser le pays. La formule classique pour se tirer d'affaire sans trop de dommages.«La situation est normale, circulez, y'a rien à voir?» Tout est résumé dans le message subliminal de Sellal qui n'a pas manqué, comme il fallait s'y attendre, d'affoler les internautes pour qui de tels propos sont indignes d'un Premier ministre parce qu'ils ne sont que mépris vis-à-vis des citoyens qui souffrent et veulent faire entendre leurs voix. Un buzz de plus qui, à force d'être répétitif, finit par nous renseigner sur le mode de gouvernance auquel sont astreints les Algériens.A l'image du «tout va bien» qui nous est servi par la Télévision nationale, l'attitude arrogante du chef de l'Exécutif reste récurrente dans la manière d'apporter les réponses aux Algériens. Le mot d'ordre est de blanchir le tableau même quand ça déborde de partout, avec toujours cette pointe offensive d'incriminer l'opposition. Pour cette mission de survie, le clan présidentiel qui, en l'absence du Président, veut régner en maître absolu sur le pays, a ses «baroudeurs» et ses «diplomates».Ils ont la liberté de dire ce qu'ils veulent sans être contredits. Ils n'ont pas froid aux yeux. Ils n'ont pas peur du ridicule. Les Algériens ont appris à les connaître et la question est de savoir si les têtes de pont du système restent persuadées qu'elles ont encore une crédibilité dans l'opinion publique. A vous de répondre?


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