Algérie - A la une


La vérité sort de la bouche des vétérans du système politique. Incidemment mais éloquemment. «Hormis sa voix éteinte?», énonçait, ces derniers jours, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, à propos de l'état de santé du chef de l'Etat. Destinés à rassurer sur les capacités du président de la République à diriger le pays, ces propos résonnent comme un implacable diagnostic avec une dimension symbolique qui interpelle brutalement une opinion déjà passablement édifiée à ce sujet. Même si elle est laborieusement relativisée dans la même déclaration, cette évaluation inattendue de la santé présidentielle marque l'impérieuse urgence d'ouvrir résolument de nouvelles perspectives pour le pays. Aucun peuple, en dépit de toutes les difficultés du monde moderne, n'a abandonné l'ambition de s'imposer, selon l'expression consacrée, dans le «concert des nations». De porter haut la voix d'un pays qui a payé le prix fort pour se libérer du colonialisme puis survivre au terrorisme islamiste.L'opposition, qui réclame un renouveau politique dans les institutions de l'Etat pour accompagner l'évolution et les aspirations de la société, n'a jamais manqué de patriotisme. La tentation du pouvoir de la réduire au silence, de lui imposer son propre sort, est précisément celle qui s'inscrit en faux contre les intérêts du pays et l'exigence vitale d'intégrer la marche du monde vers le progrès et la démocratie. Les discours et les professions de foi, impersonnels et désincarnés, n'opèrent plus. Il faudra produire désormais plus que des incantations pour être convaincant auprès de la population et compétitif quand sonnera l'heure fatidique du passage du système rentier à l'économie réelle. En observant sans réagir la fonte des réserves de change, les dirigeants sont en train de promettre une rupture, mais vers l'inconnu et le chaos. Obnubilés par l'illusion de pouvoir survivre à l'échec, ils restent insensibles aux clameurs grandissantes de la rue, aux préoccupations et à la détresse de pans entiers de la société. Les organisations politiques les plus flegmatiques mettent désormais en garde contre «la colère prévisible» des citoyens.
Les mouvements sociaux qui focalisent depuis plusieurs mois la vie nationale ne peuvent pas être réduits à des exigences catégorielles et professionnelles. Ils représentent une libération de la parole contre les slogans de stabilité factice et réclament un réel accès à la citoyenneté en rendant plus humaines les institutions et l'administration publique. Briser le thermomètre des structures syndicales sera l'ultime phase du déni de la réalité dont les conséquences risquent de prendre les contours d'un printemps honni. Les partis politiques, débordés par le dynamisme et la vitalité des organisations autonomes de la société, se retrouvent pareillement face à des défis de renouvellement pour capter les pulsions des populations. Au pouvoir comme dans l'opposition, le passage de témoin est une exigence historique dictée par la politique mais aussi par la nature. Les voix éteintes ne sont pas perdues. Elles rejoindront la mémoire collective et représenteront des séquences dans le long cheminement des Algériens vers l'émancipation et le développement.
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