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Voir Ouzellaguen pour comprendre


Voir Ouzellaguen pour comprendre
Le musée d'Ifri dépend de...Tizi OuzouC'est le sentiment de regret relevé lors de notre passage jeudi dernier sur les lieux, même si la volonté de bien faire y est malgré tout.Comprendre que la population, qui a payé de sa chair le recouvrement de l'indépendance avec 1.500.000 martyrs, continue à payer un lourd tribut pour célébrer le 60ème anniversaire d'un événement symbolique, qui a permis des assises sérieuses pour la guerre de Libération nationale. 1,7 milliard de dinars sur les 81 retenus pour la réhabilitation du site où s'est tenu le congrès de la Soummam ont été puisés des caisses de la commune.L'assainissement des villages et leur alimentation en eau potable, tout comme le bitumage de certaines rues peuvent attendre. Parrainées par le président de la République et le ministère de Moudjahidine, les festivités du 60ème anniversaire du congrès de la Soummam ainsi que la réhabilitation du site sont entièrement supportées par la wilaya et la commune d'Ouzellaguen. C'est le sentiment de regret relevé lors de notre passage jeudi dernier sur les lieux, même si la volonté de bien faire y est malgré tout.«Comme nous avons en 1956 accueilli ce fameux congrès dans les plus grandes conditions organisationnelles et sécuritaires, nous le ferons pour nos invités à l'occasion de ce grand rendez-vous», avancent d'emblée et en choeur Rachid et Arezki Boukhous, respectivement représentant de l'Onec et président de l'APC d'Ifri Ouzellaguen. Le nif des gens de la région est là, quelles que soient les conditions imposées.Vers Ouzellaguen, dans la vallée de la Soummam, la route est longue, mais surtout encombrée. Il nous a fallu presque deux heures pour y parvenir. La Route nationale 26 qui y mène à partir du chef lieu de la wilaya est saturée. Une saturation qui se fait sentir à la moindre entrée d'agglomération et il y en a plusieurs sur le tronçon séparant la ville de Béjaïa et Ifri Ouzellaguen. Cet important axe routier devait être désengorgé à l'occasion de ce 60ème anniversaire, du moins c'est ce qu'avaient annoncé tambour battant les autorités de la wilaya avec la livraison du premier tronçon de la pénétrante autoroutière.Un privilège peu bénéfiqueCe ne fut pas le cas. Les usagers doivent encore patienter pour en finir avec les interminables bouchons de la circulation. «Fort heureusement, la visite du ministre de la Jeunesse et des Sports n'est pas prévue dans la région, autrement on mettrait deux fois plus de temps», indique le chauffeur du bus, constatant notre empressement d'y arriver.Entre encombrement et fluidité, on parvient enfin à Ighzer Amokrane, le chef-lieu de la commune et de la daïra. C'est d'ailleurs la seule daïra de la wilaya qui compte une seule commune. Un privilège peu bénéfique, estime-t-on localement. En l'absence de l'édile communal, Rachid Beldjoudi, retenu pour des raisons de santé, c'est son vice-président Arezki Boukhous qui nous reçoit dans son bureau. Après un bref échange sur l'état d'avancement des préparatifs pour la célébration, il nous conduit vers le carré des Martyrs, l'un des plus grands en Algérie avec près de 1000 chouhada qui y sont inhumés. C'est là que nous avions rendez-vous avec quelques témoins, qui ont bien accepté de nous parler du congrès de la Soummam. Certains se perdaient dans les méandres des souvenirs, mais l'essentiel est là. Tous se rappellent de l'événement et des représailles de l'armée coloniale, qui l'ont suivi.Au carré des Martyrs, les travaux battent leur plein. Les responsables de l'ONM et de l'Onec ainsi que beaucoup d'autres citoyens sont là, qui pour recevoir les visiteurs qui par curiosité de savoir ce qu'il en est de la situation. Entre les témoignages sur l'événement, des citoyens s'invitent pour relever un autre paradoxe que l'édile communal confirmera. Ifri sera raccordé au réseau de distribution du gaz de ville mais à une condition, la municipalité participera à l'effort avec 50% de l'enveloppe. Cela a suffi pour la levée d'un tollé général. L'incompréhension est totale. Rachid Bedjaoui, responsable de l'Onec nous invite sur le champ à nous rendre à Ifri. Sur la route qui y mène. Il nous explique que tous les villages de la région ont pris part aux congrès de la Soummam pour avoir abrité les travaux des différentes commissions, dont les conclusions sont alors présentées en plénière dans la maisonnette. Son village Ighvan en faisait partie.C'est comme si...Sur la route, des travaux de rafistolage étaient en cours. «D'un chemin communal, cette route sera classée chemin de wilaya numéro 56 à l'occasion de cette célébration», nous explique-t-il. Tout est beau pour l'instant et jusqu'au site la route est un tapis. D'Ifri jusqu'au site, en passant par Tigrin, Bourafaâ, Souk El Djemaâ, un lieu où se rencontraient des villageois durant la guerre, les travaux battent leur plein. C'est comme si les gens étaient pris par le temps. Même constat sur le site où la tension est palpable. «Nous n'avons pas le droit de vous laisser entrer, revenez samedi», a indiqué le gardien. Même avec insistance, nous réussissons tout juste à prendre quelques clichés. Le directeur du mussée et les responsables du site ne veulent pas être dérangés. De surprise en surprise, on apprend que le musée, pourtant implanté sur le site et sur le territoire de Béjaïa, dépend du musée de Tizi Ouzou. «Nous avons entrepris des démarches pour que cette partie du site revienne à la wilaya de Béjaïa», précise le responsable de l'Onec. Dans l'ensemble, le site n'a pas connu de grandes modifications sauf les statues non encore dévoilées au grand public. Couvertes en plastique noir, elles seront dévoilées le jour de l'inauguration. On nous montre toutefois la photo qui a inspiré le concepteur.Ifri et sa population sont toujours là, 60 ans après le congrès de la Soummam. Ils y sont par amour à cette terre qui a enfanté des hommes de valeur dont certains sont partis très tôt. Comme hier, hommes et femmes se préparent pour accueillir dignement les visiteurs. C'est la valeur des Kabyles qui résiste au temps. Le nif est omniprésent, en dépit de tout. Aujourd'hui, ils seront tous là pour recevoir, orienter, guider et aider les milliers de personnes qui viendront visiter le site à l'occasion. C'est un peuple qui garde intacte sa résistance comme du temps de la France.


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