Algérie

Violation des droits de l'homme durant les événements : Les ligues des droits et les tergiversations du pouvoir


La situation des droits de l'homme en Algérie n'était pas reluisante. Et ce bien avant les événements d'octobre 1988. Les droits de l'homme les plus élémentaires, affirment les observateurs et témoins de cette époque, ont été bafoués et sacrifiés sur l'autel de l'injustice et l'oppression. L'Etat des droits est inexistant. Les exemples de ces violations sont légion : pas de liberté d'expression, pas de liberté d'opinion, répression, arrestation des opposants et leur traduction devant la célèbre cour de sûreté de l'Etat de Médéa et violation de domicile des particuliers sans le respect des principales normes de justice, ainsi que la pratique à outrance de la torture. A ces dernières, il faut ajouter notamment l'absence d'une justice libre et indépendante. Le rapport entre la justice et la police est renversé. La justice était, en particulier depuis 1979, assujettie par la police en violation de la constitution. En outre, le droit syndical était aussi annihilée par l'article 120 des statuts du FLN qui a éliminé des syndicats tous les éléments les plus revendicatifs. Le seul projet de société défendable à l'époque, explique l'ancien président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Ali Yahia Abdennour (dans son livre la dignité humaine), « est celui du respect des droits de l'homme, celui de la liberté pour assurer la démocratie, celui de la solidarité pour lutter contre l'exclusion, celui de la diversité pour préserver la richesse culturelle et linguistique ». Cette situation a amené certains avocats et intellectuels à mettre la question des droits de l'homme sur la place publique, puis à la création des ligues des droits de l'homme. La première tentative de création de la ligue des droits de l'homme (LADH) remonte au 14 avril 1985. Mais les divergences politiques entre les initiateurs ont fini par les diviser en deux groupes. Le premier présidé par Me Omar Menouer, ancien membre du collectif des avocats du FLN, a fondé une ligue des droits de l'homme à tendance trotskiste. Une ligue qui n'a jamais mené des actions sur le terrain. Le second groupe est dirigé par Ali Yahia Abdennour et a créé, lui aussi, une autre ligue composée en majorité de militants berbéristes. Ces derniers seront, d'ailleurs, arrêtés quelques mois après la création de leur organisation et jugés par la cour de sûreté de l'Etat de Médéa en décembre 1985. Devant son incapacité à faire taire ces militants et pour contrer l'action des ligues existantes, le pouvoir, avec à sa tête le président Chadli, a créé en avril 1987 la Ligue officielle des droits de l'homme, dont la présidence a été confiée à Me Miloud Brahimi. Une ligue agréée qui a été qualifiée de « ligue régimiste ». Profitant de son agrément, la ligue de Miloud Brahimi s'est néanmois montré efficace sur le terrain. L'existence de ces ligues avait joué un grand rôle dans la dénonciation des graves atteintes aux droits de l'homme avant, durant et après les événements d'octobre 1988. Si la ligue que préside Miloud Brahimi a pu travailler publiquement en dénonçant, même dans la presse nationale, les atteintes aux droits de l'homme, celle de Ali Yahia Abdennour a activé, en revanche, sur le plan international. Affiliée à la fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), la ligue de Ali Yahia a pu mener certaines activités, comme elle a été amenée à agir sur le plan politique. Ce qui apparaît le plus dans son rapport présenté par la FIDH, le 2 novembre 1988, et dans lequel Ali Yahia Abdennour relève un certaine nombre de revendications politiques. Miloud Brahimi lui aussi a activé sur le terrain politique en dénonçant « la dérive de l'information durant les événements ». En plus de la dénonciation de la répression, la torture et les détentions, les ligues des droits de l'homme ont élaboré des rapports sur les événements. Le pouvoir a dû, donc, revoir sa stratégie'


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