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Vers la réinstauration des visas pour les Libyens



Vers la réinstauration des visas pour les Libyens
Le gouvernement tunisien réfléchit à la réinstauration des visas avec la Libye pour faire face au danger terroriste provenant de ce pays. Les autorités espèrent réduire ainsi la capacité opérationnelle des leaders de groupes terroristes tunisiens basés en Libye.«Tout se prépare en Libye», a déclaré hier aux médias le secrétaire d'Etat à la Sécurité, Rafik Chelli, rappelant que les auteurs des dernières opérations terroristes, comme celles du musée du Bardo et de l'hôtel Impérial à Sousse, ont été entraînés dans des camps libyens. Les enquêtes ont révélé, selon le secrétaire d'Etat, que ces personnes se sont introduites en Libye à travers les réseaux de contrebande, de mèche avec les terroristes.«L'entraînement consiste en un lavage de cerveau en guise de formation idéologique, avant de recevoir un entraînement militaire dans des lieux que nous connaissons», poursuit Rafik Chelli, en expliquant que «les terroristes sont ensuite réinfiltrés en Tunisie via les mêmes circuits et constituent les cellules dormantes qui attendent les instructions pour agir».Une telle analyse n'a pas été découverte aujourd'hui, insiste Hamza Meddeb, chercheur non résident au Carnegie Center. «Tous les sécuritaires savent que le leader de Ançar Al Charia-Tunisie, Seifallah Ben Hassine, Alias Abou Yadh, a trouvé refuge à Sabratha, en Libye, lorsqu'il a été traqué par les autorités, suite à l'attaque de l'ambassade américaine, en septembre 2012. Abou Yadh et Meftah Daoudi, ex-leader de Ançar Al Charia -Libye, sont des ex-lieutenants d'Oussama Ben Laden et ont combattu à ses côtés en Afghanistan», rappelle-t-il.Il est donc unanimement connu que les groupes terroristes tunisiens disposent d'une profondeur stratégique en Libye, où il y a des armes et des camps d'entraînement, insiste le chercheur, en se demandant quelles sont les raisons ayant empêché la Tunisie de verrouiller davantage sa frontière sud.Enjeux socioéconomiques«La Libye constitue certes une source de danger terroriste pour la Tunisie. Mais les échanges commerciaux s'élèvent annuellement à près de deux milliards de dinars (910 millions d'euros). Plusieurs dizaines de milliers de Tunisiens sont installés en Libye. Le commerce informel avec ce pays constitue plus de 70% du PIB du sud du pays», insiste l'expert économique, Sami Aouadi, pour expliquer les raisons de l'hésitation des autorités tunisiennes.«Tout le monde se rappelle comment le gouvernement tunisien a été obligé d'annuler le timbre de sortie, de 30 dinars, suite à des manifestations de colère des habitants de Ben Guerdane et Zarzis, contre la mesure réciproque, pratiquée par la Libye», précise l'universitaire. «Toute mesure pouvant porter atteinte à la fluidité des échanges commerciaux doit prendre en considération le fait que la quasi-majorité des habitants du Sud tunisien vivent de cet échange avec la Libye», conclut Aouadi.Le secrétaire d'Etat à la Sécurité est conscient de ces enjeux. Il pense que des décisions «audacieuses» sont nécessaires afin de repousser les menaces terroristes. «Il a certes été convenu de fermer les postes frontaliers pour 15 jours comme mesure préventive. Mais, la Tunisie pourrait recourir à l'instauration du visa avec la Libye pour parer aux risques terroristes, dans la mesure où Daech-Libye peut actuellement procurer des passeports», s'inquiète Rafik Chelli.Mesures préventivesLa fermeture des frontières, voire l'instauration du visa, avec la Libye est un appel régulièrement repris par les experts sécuritaires. Mais, les autorités politiques s'inquiètent des conséquences sociales d'une telle mesure. Le Sud tunisien étant une région marginalisée, le taux de chômage avoisine les 30%, soit pratiquement le double de la moyenne nationale, indiquent les statistiques. Ainsi, «aucun gouvernement n'a osé franchir le pas des restrictions frontalières avec la Libye, pourtant nécessaires pour parer aux terroristes», souligne l'expert sécuritaire, Ali Zeremdini.Pour l'instant et même après la dernière attaque terroriste du 24 novembre qui a vu le décès de 12 membres de la Garde présidentielle, les principales mesures préventives adoptées par le Conseil supérieur de sécurité nationale consistent uniquement en la fermeture de la frontière avec la Libye pour 15 jours, l'octroi de cinq millions de dinars au Fonds de soutien à la lutte contre le terrorisme, l'assignation à résidence des Tunisiens fichés et rentrant de zones de conflit, la fermeture des sites électroniques soutenant le terrorisme et d'autres «demi-mesures», selon Samir Taïeb, secrétaire général du parti Al Massar, qui critique «l'hésitation du gouvernement de Habib Essid».La Tunisie peine à trouver la bonne recette dans la lutte contre le terrorisme.


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