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Vent contre-révolutionnaire à Constantine : Le 13e vendredi émaillé d'anicroches



C'est un «non» sans équivoque que celui adressé au chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, par la population à Constantine. A la faveur du 13e vendredi de la contestation, les marcheurs, moins nombreux, qui ont bravé la chaleur, la faim et la soif, ont tranché encore une fois la question de l'élection présidentielle du 4 juillet.Un net refus est diffusé à travers les slogans et les déclamations, revus pour ce rendez-vous hebdomadaire. Mais le cachet pacifique de la marche a été largement écorné, au vu d'une série d'incidents l'ayant émaillé. Les manifestants ont assisté presque impuissants aux provocations manifestes, traduites par des paroles ou des attitudes.
Les effets de la contre-révolution étaient pour le moins perceptibles. Et ce ne sont pas les appels à la maîtrise de soi ou à la raison qui ont temporisé les ardeurs. «Silmia, silmia», ont rappelé certains pour disperser un gilet orange et d'autres manifestants ayant failli en venir aux mains. Des sobriquets tels «partisan» ou «cachiriste» ont fusé de partout, accentuant la tension et rendant l'ambiance électrique.
D'autres anicroches ont eu lieu tout le long du traditionnel itinéraire en raison de slogans pro ou anti-institution militaire. Mais aussi concernant le portrait de Taleb Ibrahimi, arboré comme étant le messie qui sortira le pays de la crise par des membres de la mouvance islamiste. Ces derniers, qui ont été très discrets pendant les premières actions du mouvement populaire, sont devenus davantage visibles depuis deux vendredis.
Hier, ils ont pris la tête de la procession, en affichant des banderoles hostiles à des figures démocratiques, dont Louisa Hanoune, Saïd Sadi, Karim Tabou et Mokrane Aït Larbi, entre autres. «Nous assistons en direct aux prémices de la contre-révolution, ceux qui croient que cette dernière est une vue de l'esprit, sont convaincus du contraire aujourd'hui.
Nous ne sommes pas sortis pour saborder notre mouvement de contestation, mais pour démontrer notre mobilisation face à l'attachement du pouvoir à une élection présidentielle rejetée en masse», nous déclare un universitaire. Son accompagnateur abonde dans le même sens : «Cette volonté de nous imposer un scrutin dans la conjoncture actuelle, où les conditions politiques et techniques ne sont pas réunies, est un stratagème pour légitimer la issaba.»
Et ils restent nombreux à partager cet avis. «Cette élection est une tentative de récupérer le hirak et d'annihiler les revendications citoyennes, nous ne sommes pas dupes», dit un autre manifestant avant de disparaître dans la foule.
Les enquêtes judiciaires, qui se sont accélérées ces derniers jours, ont fait partie de cette actualité qui a plané sur cette procession d'hommes et peu de femmes qui a sillonné les artères principales du centre-ville. La convocation d'illustres membres de l'ancien gouvernement, dont deux ex-Premiers ministres, devant le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, a fait les choux gras des manifestants. «C'est un simulacre de justice.
Ce ne sont que des règlements de comptes entre différents clans. Le premier qui doit être jugé est le responsable de cette corruption institutionnalisée, Abdelaziz Bouteflika», assène un sexagénaire.
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