Algérie

Urgences et routine gouvernementale



Certaines habitudes gouvernementales ont la vie dure. Quanddes citoyens ou des organisations soulèvent un problème, on n'essaie pasd'apporter une réponse, on commence par nier. Comme si l'on avait décidé, définitivement,que les Algériens n'étaient pas sains d'esprit et qu'ils sont constamment entrain d'inventer des problèmes. Et pourtant, Dieu sait qu'ils sont patients, trèspatients.Pourquoi huit associations de malades chroniques semettraient-elles à inventer un manque de disponibilité du médicament ? Comme sileur maladie ne leur suffisait pas, ils inventeraient la pénurie, juste pourennuyer le ministère concerné. Si tel était le cas et au vu du chiffre desmalades chroniques en Algérie - 14 millions ! -, on aurait quotidiennement desémeutes de malades et des polémiques constantes. Or, les associations demalades chroniques se démènent comme elles peuvent et ne se mettent pas tousles jours sur le devant de la scène. Quand on est malade, on n'est pas en malde publicité, on veut des soins et des médicaments.Au cri d'alarme des associations de malades chroniques quiont dénoncé des morts pour cause d'indisponibilité de médicaments, on a eud'abord des dénégations, avant que l'on reconnaisse du bout des lèvres qu'ilexiste des problèmes et des retards dans le programme d'importation. On asuggéré cependant que si des pénuries peuvent exister, elles n'ont pasd'incidences sur les malades. Voilà un discours très bureaucratique qui n'estguère rassurant, pour les malades s'entend !Les pharmaciens qui ont affaire à ces malades (voir LeQuotidien d'Oran d'hier) n'inventent pas et pas plus que les malades chroniques,ils ne cherchent des noises au ministère de la Santé. S'ils n'ont pas d'explicationsaffirmées sur les causes de l'indisponibilité de certains médicaments, ils sontbien placés pour indiquer s'ils manquent ou non. Ils disent la chose simplement:oui, des médicaments manquent et ils en donnent les dénominations. Et ilsdisent qu'ils se retrouvent à gérer et à distribuer les médicaments dont ilsdisposent de manière à permettre aux patients d'éviter une interruption dutraitement. Ils gèrent la pénurie ! Voilà donc, de manière factuelle, deséléments qui confortent que le problème existe et qu'il y a urgence à lerésoudre.Il est évident que le 1,4 milliard de dollars demédicaments importés en 2007 pose un sérieux problème et aggrave les dépensesde la sécurité sociale. Et d'ailleurs, les pouvoirs publics, en supprimant l'obligationde produire pour les importateurs, en portent une lourde responsabilité.Mais si aujourd'hui cela reste à prouver et qu'on cherche àinverser la tendance, cela implique une politique de fond qui ne sacrifie pasles besoins urgents des malades. Il faut encourager le générique et laproduction nationale et cela suppose qu'on cesse de faire de l'accession à l'OMC un prétexte pour ne rien faire. On pourrait commencerpar cesser d'importer les médicaments produits en Algérie, tout en assurant pourles malades chroniques la disponibilité des médicaments dont ils ont besoin. Onpeut toujours agir si l'on reconnaît qu'il y a un problème. L'urgence est deveiller à ce que les médicaments dont les malades ont besoin soient disponibles.Ils ne peuvent pas prendre leur mal en patience: le leur demander estindéfendable.Pour le problème posé par la facture des importations, lespouvoirs publics feraient un grand pas en admettant qu'ils ont fait fausseroute en renonçant à la protection de l'industrie pharmaceutique nationale.



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