Algérie - Revue de Presse

Union européenne: L'arroseur Arrosé


A la veille du Sommet du «G 20», l'UE crie son désarroi face à l'accélération, depuis 2.008, du protectionnisme économique des pays les plus riches du monde. Nous qui croyions qu'en révisant sa loi de finances, l'Algérie faisait exception dans le monde.

 Une bonne nouvelle, serions-nous tentés de dire, pour les partisans des amendements aux lois de finances algériennes de 2009 et 2010 : il n'y a pas que l'Algérie qui, pour protéger son marché national, procède à des réajustements de sa législation, y compris en celle contenue dans les Accords internationaux qu'elle a signés. Les principales économies du monde se livrent, actuellement à travers des mesures protectionnistes, une guerre sans merci pour garantir, chacune pour ce qui la concerne, sa performance et son avenir. A la veille du prochain Sommet du « G 20 » prévu les 11 et 12 novembre à Séoul (Corée du Sud), l'Union européenne, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, vient de lancer un appel aux premières puissances économiques mondiales pour quelles cessent la multiplication des mesures protectionnistes qui freinent, selon elle, la croissance mondiale. Lundi après-midi, le Commissaire européen en charge du Commerce extérieur, le belge Karel de Gught, a appelé les USA, la Chine, la Russie, l'Inde » à lever les entraves et obstacles douaniers qui pénalisent l'économie européenne, et celle mondiale d'une manière générale. Le rapport d'une centaine de pages qu'il a présenté fait le diagnostic des nouvelles réglementations mises en place entre octobre 2.008 et septembre 2.010, par les pays les plus industrialisés (riches), soit depuis l'apparition de la crise financière et économique internationale. Il cite le nombre de 332 mesures mises en place par 30 pays partenaires de l'UE, qui vont de l'interdiction d'importation de certains produits à l'augmentation des tarifs et taxes douaniers, et jusqu'à l'incitation (fiscale et dumping) à la consommation de produits nationaux. Ces mesures touchent principalement les secteurs de l'agroalimentaire, des industries du textile et de l'habillement etc. Autant dire les secteurs à forte valeur ajoutée nationale. Aussi, est-il légitime de s'interroger sur la portée réelle de la tenue des Sommets du « G 20 », lorsqu'on sait que les résolutions des précédents Sommets sont restées lettre morte, excepté pour ce qui concerne la recapitalisation des actifs des banques par l'endettement des Etats. Là encore, tout ce qui a été convenu en matière de régulation financière, de lutte contre les paradis fiscaux et de transparence dans la gestion des flux financiers internationaux, demeure à l'état de vÅ“ux pieux. Les volumes financiers colossaux consentis aux banques n'ont pas donné l'effet escompté, c'est-à-dire la relance de la croissance économique internationale, particulièrement dans les pays industrialisés. L'argent du contribuable est reparti dans le jeu boursier et la spéculation financière. La conséquence logique se traduit par le repli des économies nationales sur les secteurs de productions nationales stratégiques (agriculture, industrie de transformation, services…). L'appel de l'UE, à la veille du Sommet du «G 20 » paraît pathétique, tant l'UE n'est pas à sa première contradiction dans ce domaine et récolte aujourd'hui, la réponse à ses propres politiques. Rappelons-nous comment en décembre 2007, lors du Sommet UE- Afrique tenu à Lisbonne, l'UE avait « obligé » les 53 pays africains à signer les nouveaux Accords de partenariat économiques (APE), en remplacement de la Convention de Cotonou qui régissait les échanges commerciaux entre les deux parties. Pourtant, la Convention de Cotonou, qui avait actualisé les Accords de Lomé de 1975, courait jusqu'en 2020 ! L'Europe venait de violer un accord stratégique signé avec l'Afrique. Que stipulent les nouveaux APE ? La levée de toutes les barrières douanières et la fin des tarifs préférentiels pour les pays africains. La voie est ouverte aux flux marchands européens, alors que les produits, notamment agricoles, africains à destination de l'UE subissant la rude concurrence mondiale, ont perdu en volume et en valeur. C'est cela l'échange équitable et l'aide aux pays africains et le co-développement dans la conception des libéraux européens. Aux oppositions africaines aux APE, l'UE évoquait les contraintes de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Voilà donc, aujourd'hui, l'arroseur arrosé : les puissances telles que les USA, la Chine, le Brésil, l'Inde, sont en train d'ériger des barrières douanières sur leurs secteurs de productions stratégiques, avec la différence que ces pays, à l'inverse des Africains, ont les moyens financiers et politiques de se défendre. Bizarrement, l'entrée en application immédiate des APE (dès le 1er janvier 2008) coïncide avec l'année de l'annonce de la crise financière internationale qui frappe, depuis, l'Europe et le monde industrialisé, d'une façon générale. Aussi, s'il est légitime de discuter de l'opportunité des aménagements des lois de finances algériennes de 2009 et 2010, ainsi que du souhait de l'Algérie de revoir les termes de l'Accord d'association avec l'UE, il est tout aussi crucial d'inscrire ce débat dans la perspective des enjeux mondiaux qui se jouent en ces heures de crise internationale multidimensionnelle. Une satisfaction au moins, l'Algérie n'est pas seule à jouer au protectionnisme face au reste du monde.




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