« UNE VILLE, UNE HISTOIRE : CONSTANTINE » PARTIE 1

L’Algérie, d’Est en Ouest et de Nord en Sud, a été de tout temps l’objet de convoitise par ses voisins. Parmi les conquérants on rappellera les Phéniciens, Romains, Byzantins, Arabes... venus de l’Est et ceux arrivés de l'Ouest tels que les Marocains et Vandales. Certaines villes ont été capitales de ces Etats et qui témoignent, aujourd’hui, de l’histoire de notre pays et des cultures qui y sont commutées. Dans l'Antiquité, Beni-Saf, alias Siga, dans le royaume Masaesyle; Constantine, alias Cirta, dans le royaume Massyle et Cherchell, alias Cæsarea, dans le royaume Numide. Au Moyen-âge, Tiaret, alias Tâhart, dans le royaume kharedjite des Rostémides et Tlemcen dans le royaume Abdelouadide. Enfin, au XVIe siècle, El Djezaïr, Alger, sous la régence turque. De ces villes algériennes, on évoquera dans celle de Constantine située dans l’est algérien à 431 km à l'est de la capitale Alger, métropole et troisième ville la plus peuplée du pays. Constantine, également surnommée la « ville des ponts suspendus » et l'une des plus anciennes cités du monde, est une ville importante dans l'histoire méditerranéenne. Anciennement Cirta, capitale de la Numidie de 300 av. J.-C. à 46 av. J.-C. elle passe par la suite sous domination romaine. C'est à l'empereur Constantin Ier qu'elle doit son nom actuel depuis 313. Durant le Moyen Âge elle est conquise par les Arabes au VIIe siècle et elle fera partie successivement du royaume aghlabide, de l'empire fatimide puis des royaumes ziride, hammadide, almohade et hafside. Elle deviendra au XVIe siècle la capitale du beylik de Constantine, siège du pouvoir beylical et vassale de la régence d'Alger. Lors de la conquête de l'Algérie par les Français elle sera prise en 1837, après un échec en 1836. Intégrée à la wilaya II, le Constantinois, par le FLN durant la guerre d'Algérie elle devient le siège de sa propre wilaya à l'indépendance du pays.
Durant la période préhistorique, la région de Constantine a été occupée par l'homme depuis la préhistoire comme l’atteste les outils préhistoriques ont été trouvés sur le plateau de Mansourah et à Ouled Rahmoune. L’Atérien, cet outil qui remonte au Paléolithique supérieur et qui se caractérise par des pièces à pédoncule, était présent au Djebel Ouach, dans les grottes du Mouflon et de l'Ours où on constate une occupation importante au Néolithique. Ces mêmes lieux sont peuplés par les Paléoberbères au cours du 1er millénaire av. J.-C.
Pendant la période antique, Constantine est fondée par les Phéniciens et Carthaginois vers le 4e siècle av. J.-C sous le nom de Qirta qui veut dire la ville. Mais suite à l'amollissement du pouvoir carthaginois la cité passe sous la domination des Numides, nom donné par les grecs aux berbères des Hauts-Plateaux et qui signifie « nomades » du fait du nomadisme de ces populations. Elle sera connue plus tard, 3e siècle av. J.-C, sous le nom de Cirta étant la capitale du roi Syphax avant d’être celle de Massinissa. Elle est alors une ville renforcée et commerciale profitant d'une situation stratégique, grâce notamment à son rocher et ses murailles. Jusqu’au 2e siècle av. J.-C, sous la dynastie de Massinissa, Cirta fut une grande ville, 150 000 à 180 000 habitants, cosmopolite, ouverte sur les cultures méditerranéennes notamment punique et grecque, la capitale numide s'étend même au sud-ouest sur la rive gauche du Rummel, comme en témoignent les vestiges d’inscriptions, tombes, fondations d'édifices, îlots d'habitation et ustensiles domestiques retrouvés en dehors du rocher. Cirta, devient, après la mort de Massinissa, un objet de lutte entre Jugurtha et son frère adoptif Adherbal. En effet, Jugurtha déniant le partage du pouvoir décidé par les Romains en Numidie survient à prendre la ville de Cirta après la mort d'Adherbal suite d’un long siège. Après une guerre sans merci entre Numides et Romains, et suite de la défaite du roi numide Juba Ier, Cirta est annexée au royaume romain. Après une série de déprédation, singulièrement en 308 par Domitius Alexander puis par Maxence en 311, la ville est conquise par Constantin qui la fit restaurée et embellie, ensuite il lui donne son nouveau nom « Constantina », capitale de la Numidie impériale.
BENOTMAN Mohamed.