Algérie - A la une

Une ville, une histoire


Rituel - Elles trayaient tout simplement toutes les brebis et lorsqu'il y avait des vaches à écouler pour l'abattage, elles se faisaient un plaisir de les délester de leur lait.
Les marchés à bestiaux d'aujourd'hui ne ressemblent plus à ceux d'antan.
Ils avaient une certaine saveur et même une certaine poésie. Et leurs usages sont désormais perdus. Le souk d'Aflou, aux confins de Laghouat, par exemple, se tenait tous les dimanches et rassemblait des milliers d'éleveurs, de maquignons et de commerçants en tout genre qui venaient du Nord et du littoral du pays. Trois types de personnages intervenaient dès l'aube dans cet immense enclos où les troupeaux à vendre étaient disposés n'importe comment, l'essentiel était qu'ils portent un poinçon de même couleur sur leur toison. Les premiers personnages à franchir la porte étaient ceux qu'on appelait à l'époque les «regadas», c'est-à-dire les logeurs, ceux qui ont loué leur fondouk ou une chambre aux éleveurs pour dormir.
Ils leur apportaient, c'était compris dans leur prise en charge, un plateau de cuivre où étaient disposées une cafetière bouillante pleine à ras-bord, une galette et quelques dattes pour compléter le service. Les deuxièmes personnages qui prenaient le relais, alors que le jour n'était pas encore levé, étaient des femmes d'un certain âge munies de seaux. Et que pouvaient-elles faire à une heure pareille et qui plus est avec un seau '
Elles trayaient tout simplement toutes les brebis et lorsqu'il y avait des vaches à écouler pour l'abattage, elles se faisaient un plaisir de les délester de leur lait.
Enfin les troisièmes et derniers personnages à entrer en scène au souk étaient les «guerrebs», c'est-à-dire les vendeurs d'eau. Ils n'intervenaient généralement que lorsque le soleil était au zénith et que tout le monde avait soif. Reconnaissables à leur outre en peau de chèvre, à leur chapeau à pompon et surtout à leur clochette, ils passaient de groupe en groupe pour rafraîchir la foule. Le verre d'eau presque glacé n'étant pas tarifé, on donnait ce que l'on pouvait et tout le monde, ce jour de dimanche, donnait ou recevait quelque chose. Il y avait comme une espèce de baraka sur cette terre steppique du bout du monde.




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