Algérie - Revue de Presse



La grève des boulangers, maintes fois reportée telle une réforme du code de la famille tant le pain est un élément fondamental de l?identité alimentaire nationale, a finalement été déclenchée. Peut-on vivre sans pain ? Assurément oui, puisque, maintenant, on peut trouver de la bonne galette dans toutes les épiceries. Pourtant, une vie sans pain constitue, selon un sondage non publié, le cauchemar favori des Algériens. Un pays sans pain et sans eau, soumis à la pénurie de gaz et aux délestages quotidiens d?électricité, sombre cachot humide grillagé par les IST - interdictions de sortie du territoire -, où Noureddine Zerhouni, matraque à la main, serait l?unique agent de la PAF et où l?extrait de naissance ferait figure de délit. Un pays où CanalSatellite et TPS seraient définitivement cryptés et l?ENTV seul maître à bord, exhibant un Président qui crierait en boucle dans la télévision bloquée sur le volume maximum qu?il n?aime personne. Un pays où tout le pétrole aurait été vendu aux Américains pour alimenter leurs tondeuses à gazon et où Louisa Hanoune, montée sur un cheval blanc à mazout, parcourrait les campagnes en hurlant à la fin du monde imminente. Ce n?est bien sûr qu?un cauchemar. Car dans tous les cas, pour être heureux il suffit de se rappeler Houari Boumediène (le Président, pas l?aéroport) et cette époque où trouver une baguette à partir de 11h relevait de l?exploit olympique. A ce titre d?ailleurs, on se demande encore pourquoi ce régime sec, ennemi des ménagères et des chats de gouttière, est encore aujourd?hui si populaire dans les mémoires ? C?est un mystère, d?autant que durant cette période, les analystes avaient eu cette bonne formule pour désigner l?étrange régime de l?austère colonel à moustaches oranges : si l?Algérie avait pu être une république, elle aurait été une république bananière. Mais il n?y avait même pas de bananes.

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)