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Une tradition à ressusciter




Une tradition à ressusciter
Il fut une tradition dont se souviennent sûrement ceux qui ont connu les collèges et les lycées d'autrefois. Du temps où la drogue ne circulait jamais entre les murs et nul policier n'était posté aux alentours pour prévenir kidnappings et agressions à l'arme blanche. Comme d'autres activités culturelles et ludiques, le cinéma avait alors sa place. Les moments de détente étaient certes les interminables parties de football, les rendez-vous furtifs loin des regards indiscrets. Qui peut oublier les projections de films comme « la Vache et le Prisonnier », « Passe-muraille » ou « la Belle Américaine ». Les facéties de ces grands acteurs que furent Bourvil et Fernandel et les aventures de « Zorro » ont marqué les mémoires. Aujourd'hui encore, la rediffusion des chevauchées de John Wayne à la démarche chaloupée, et les batailles rangées entre Sioux et visages pâles font renaître ces temps bénis. C'est cette belle tradition que le choix de projeter le dernier film de Belkacem Hadjadj pour les lycéens et les étudiants veut faire renaître. Visiblement, on cherche de nouveau à susciter l'intérêt pour le septième art chez des jeunes qui, pour certains, n'ont jamais connu la magie d'une projection sur grand écran. Un homme évoquait à la radio récemment le désarroi d'un professeur dont les élèves ignoraient tout d'une séance devant un grand écran. Ils ne connaissaient pas le sens des mots « ouvreuse », « entracte » et « générique ». De prime abord, l'intérêt de l'initiative est incontestable. Ne serait-ce que d'un point de vue pédagogique. L'image dans un film, dans une bande dessinée, est de plus en plus utilisée et valorisée dans les systèmes d'enseignement modernes pour la transmission du savoir. C'est un support utile et presque indispensable à fortiori dans une société biberonnée aux images et où la chaîne de transmission entre générations s'est quasiment rompue. Ce n'est pas un hasard si, ailleurs, on encourage de plus en plus les sorties vers les lieux de mémoire pour que les élèves s'imprègnent du sens des événements. Aller à Ifri, dans les venelles de la Casbah ou se rendre à la prison du Coudiat vaut mieux qu'un cours débité sur un ton monocorde par un professeur qui enseignerait l'histoire, faute de mieux. La visite des musées complète aussi cette panoplie de méthodes modernes qui ne cantonnent plus le savoir entre les quatre murs d'une classe. La diffusion de films dans l'enceinte de lycées, qui hélas ! ne possèdent plus de matériel de projection, peut être un vecteur pour faire connaitre des personnages, susciter des discussions autour des débats qui traversent la société et agitent le monde. Mais le choix doit-il se réduire et se limiter aux films d'histoire ' C'est aussi une occasion pour faire découvrir des ?uvres littéraires qui valorisent le goût du travail, de l'aventure. L'éventail du choix doit s'étendre aux films qui ouvrent les esprits aux valeurs de la culture universelle et permettent d'aller à la découverte des auteurs, des penseurs et des mythes qui tissent la mémoire de l'humanité. C'est l'adaptation des romans de Jules Verne, de Taha Hussein ou de Maxime Gorki qui poussaient lycéens et étudiants à mieux connaitre leurs vies et leurs univers de créateurs. La tâche ne sera pas facile et de tout repos. Le cinéma a perdu de son attrait, détrôné par d'autres loisirs. Beaucoup d'institutions éducatives ont surtout des problèmes plus terre à terre à résoudre et à prendre en charge, comme la surcharge des classes ou l'indiscipline qui se répand comme tache d'huile. Le recours au cinéma comme support éducatif doit émerger et prendre forme dans un contexte où les autres maillons comme les bibliothèques, l'animation culturelle dans et hors des établissements soit tout autant et mieux pris en charge.


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