Algérie

Une sécurité accrochée au prix du baril



L'on veut bien croire, comme le prétendent nos deux plusgrands argentiers, le ministre des Finances et le directeur général de la Banque d'Algérie, que notrepays est au moins à moyen terme à l'abri des turbulences de la crise financièreinternationale. Cette relative sécurité, l'Algérie ladoit, selon ces deux autorités financières, à la prudente politique de gestiondes ressources financières nationales. Une gestion que d'aucuns ont jugé «tropconservatrice», voire timorée, mais qui pour ses promoteurs a été «salutaire»puisqu'elle préserve ces ressources et a écarté tous les risques qu'ellesauraient pu encourir dans d'autres conditions de gestion.

Mais si l'Algérie est en situation à court et moyen termede «résister aux chocs externes» provoqués par la crise financièreinternationale, il subsistera pour elle quand même le risque de sa «descenteaux enfers» dans le cas d'un effondrement des prix du pétrole.

Ce dont rien ne garantit que cela ne peut advenir. Lundidernier, ces prix sont descendus sous la barre des 90 dollars, alors quequelques jours auparavant ils caracolaient au-dessus des 100 dollars. Personnen'est en mesure d'assurer que ce net recul ne va pas se poursuivre.

L'on veut bien là aussi faire foi à l'analyse de notreministre de l'Energie et des Mines, pour qui la baisse actuelle des prix dupétrole étant due à la fois au retrait des spéculateurs des marchés pétrolierset au renforcement persistant du dollar, ces prix vont revenir à ce qu'ilsétaient avant, c'est-à-dire à un niveau qui met le pays à l'abri des mauvaisessurprises.

L'optimisme dont fait montre M. ChakibKhelil est quelque peu démenti par le directeur de la Banque d'Algérie, qui luin'exclut pas que ce recul des prix du pétrole pourrait aller jusqu'à êtreproblématique pour les équilibres financiers du pays.

Comparativement à d'autres Etats, le nôtre n'a pas le feu àla maison, financièrement du moins. Le redressement du dollar est même unebonne nouvelle pour nos argentiers, qui voient ainsi compensée la chutequ'enregistrent les prix du pétrole et surtout la facturedes importations s'alléger significativement.

Pour autant, il n'y a pas lieu de pavoiser car l'Algérie, ensa situation actuelle, n'est pas maître de son destin. Ce qui fait qu'elle soitmomentanément épargnée d'un rude choc, conséquence de la crise financièreinternationale, elle le doit pour l'essentiel à des développements extérieurssur lesquels elle n'a aucune prise. Tout comme ceux qui pourraient la plongerdans la difficulté, échapperont à sa maîtrise.

Toute la question est de savoir si elle est en capacité demettre à profit les atouts dont elle dispose, malgré la crise financièreinternationale, pour s'engager dans une politique de développement qui la sortede la dépendance où elle se trouve à l'égard de la rente pétrolière, et lui assureau moins sa sécurité alimentaire.

Cet objectif ne se suffit pas de l'injection de milliardsde dollars, comme cela a été le cas jusqu'à présent, avec les résultatscalamiteux que l'on sait. Il doit être balisé par une stratégie dont lesfondamentaux sont l'intérêt national et le compter-sur-soi.





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