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Une révolution retrouvée!


Une révolution retrouvée!
La vie reprend son cours normal à l'avenue Habib Bourguiba Une Tunisie plurielle...Les dernières élections sont en train d'accoucher d'une Tunisie pluraliste et tolérante où, malgré les différences idéologiques, on vit bien ensemble...C'est dans une Tunisie nouvelle que nous débarquons en cette première semaine du mois de décembre. Une Tunisie qui a renouvelé son Assemblée populaire et qui s'apprête à élire prochainement son nouveau président de la République. Première chose qui frappe dans ce pays que nous avons quitté deux ans plutôt: le vivre-ensemble.En effet, fini les discours radicaux prônés par les islamistes et les laïcs! Des deux côtés, on semble accepter l'autre. L'obsession et le déni qu'avaient les deux courants ont laissé place à des débats politiques dans les règles de l'art et ce, malgré les grands enjeux de ces dernières semaines. «L'euphorie de l'après-révolution et les attaques franches entre les deux courants ont vite été rattrapées par la dure réalité», affirme Molka, une jeune militante des droits de l'homme. «La situation économique et la chute des islamistes en Egypte a obligé Ennahda à partager le pouvoir avec l'opposition pour éviter que la Tunisie ne sombre dans le chaos», assure-t-elle, en reconnaissant toutefois que les concessions faites par le parti de Rached Ghannouchi ont permis cette douce transition. Chose que ne partage pas Oussama, activiste politique. Pour lui, cette stabilité que connaît la Tunisie n'est que le résultat de la prise de conscience du peuple. «La victoire des islamistes lors des élections de 2011, et leur prise en main de l'Assemblée constituante tunisienne (ANC) a été un mal pour un bien», estime-t-il tout heureux. «Cette victoire a permis de montrer la limite de l'islamisme politique qui a emmené le pays vers la faillite. Elle a aussi poussé les boycotteurs de 2011 à prendre leurs responsabilités pour éviter le «remake de l'ANC», rétorque-t-il.Pour Sarah, étudiante en sciences politiques, il n'y a pas que les islamistes qui ont montré leurs limites dans la gestion des affaires du pays, mais «toute la troïka a commencé par le président Moncef El Marzouki qui a plongé la Tunisie dans l'isolement international». «La troïka c'est comme les socialistes en France, elle est bonne pour l'opposition mais pas pour la gouvernance», soutient-elle en appuyant son argumentaire par les résultats des dernières élections législatives et le premier tour de la présidentielle. «Il y a véritablement eu un vote sanction contre ces partis qui avaient remporté haut la main l'ANC. Cette fois, ils ont connu une véritable débâcle, ce qui montre que le peuple leur a retiré sa confiance», poursuit-elle. «Les urnes leur ont clairement dit: vous avez échoué, laissez la place aux autres!», réplique-t-elle.Retour vers les valeurs bourguibiennesEn deux ans donc, il y a eu un véritable changement de la carte politique au pays du Jasmin. L'islamisme a laissé place à la laïcité. Ce qui se fait ressentir même dans la rue où les «frérots» se font plus discrets. Alors qu'il y a deux ans, ils bombaient le torse. Dans la Tunisie de 2014, ils «rasent» les murs. Elle est bien loin l'époque de 2012 où ils faisaient le tour de Tunis haut-parleur à la main pour prêcher la bonne foi et les bienfaits de leur parti. Ils font profil bas! Ils sont désormais très rares à déambuler au centre de Tunis et l'avenue Habib Bourguiba. L'islamisme rampant qui a tant fait peur aux Tunisiens est mort-né. Les islamistes qui tentent de convaincre les jeunes Tunisiennes au port du voile ne sont plus visibles. Bien au contraire, on a remarqué qu'ils évitent d'être nez à nez avec les belles et très coquettes Tunisoises. «Les menaces terroristes qui pèsent sur la Tunisie avec les premiers attentats qu'a connus le pays font que être islamiste est souvent assimilé à terroriste. Les salafistes ne sont donc plus les bienvenus dans la société tunisoise. Ils évitent alors de se faire trop remarquer», témoigne Samy, journaliste tunisien. Néanmoins, il tient à préciser que mis à part les salafistes, les Tunisois cohabitent très bien avec les islamistes dits modérés, (en référence à ceux d'Ennahda, ndlr). Pour lui les choses sont simples: la Tunisie a enfin retrouvé sa révolution. «Les dernières élections sont une deuxième révolution faite par le peuple tunisien en revenant aux valeurs bourguibiennes qui sont celles d'une république laïque. C'est la révolution des urnes», atteste-t-il joyeusement. «Beji Caïd Essebsi (BCE) incarne parfaitement ces valeurs bourguibiennes. Même physiquement,les deux hommes se ressemblent...», esquisse avec un clin d'oeil ce nostalgique de l'époque faste du «Zaïm». C'est pour lui ce qui fait de Beji Caïd Essebsi le grand favori pour devenir le premier président tunisien élu. «Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle qui sont la suite logique des résultats des législatives, ont clairement montré que Nida Tounès était devenue la plus grande force politique du pays», rappelle- t-il. «Je pense donc que «BCE» va remporter aisément les suffrages car même ceux qui n'ont pas voté pour lui au premier tour le choisiront en majorité pour barrer la route à un Marzouki haï par la majorité», pronostique-t-il.Tout sauf... MarzoukiCe que nous confirmons chez Emna et son ami Haykel. Attablés dans un café, fumant des cigarettes, cheveux en l'air et barbe mal rasée, pour lui, nos deux gauchistes sont des anti-«BCE» qui incarne la droite républicaine. C'est-à-dire le contraire des valeurs qu'ils défendent. Néanmoins, ils voteront pour lui au deuxième tour! Explication: «Au début, il était clair que nous n'allions voter pour aucun des deux au deuxième tour. Notre absention n'était pas discutable. Mais après mûre réflexion et de longs débats, nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il fallait à tout prix barrer la route à Marzouki. Même si c'est aux dépens de nos convictions les plus profondes. D'autres années avec Marzouki à la tête du pays, c'est juste impossible...». Nos deux amis avouent même qu'ils ne seront pas les seuls gauchistes à aller aux urnes pour donner leur voix à Beji Caïd Essebsi. «Beaucoup de nos amis vont faire la même chose pour barrer la route à un Marzouki qui a vendu son âme aux islamistes pour le pouvoir...», poursuivent-ils. Le 21 décembre prochain, à Tunis, ce sera donc tout sauf Marzouki. Mais qu'est-il donc reproché au président sortant'«Son allégeance aux islamistes pour devenir président est la première trahison faite par Marzouki à la révolution du Jasmin», certifie Olfa, enseignante à l'université de Tunis. «Ensuite, il y a bien sûr ses bourdes sur les dossiers qui concernent l'international en coupant d'abord les relations diplomatiques avec la Syrie, en provocant une crise diplomatique avec le Maroc et surtout avec notre allié algérien qui nous a beaucoup aidés après la révolution avec des aides financières conséquentes et une médiation dans le conflit qui a opposé Ennahda à Nida Tounès», poursuit-elle non sans lui reprocher un manque de carrure politique. «Il a seulement le mensonge des politiciens comme atouts», dira cette dame non sans penser que «l'isolement subi durant ces années d'emprisonnement a touché à la santé mental du président sortant, très lunatique». Comme Olfa, beaucoup de Tunisiens rencontrés se disent avoir été trompés par le personnage et abusés par son militantisme d'avant la révolution. Ils croyaient retrouver au CPR les valeurs d'une Tunisie de l'ordre amoureux (ordo amoris), tolérante et ouverte à l'altérité où l'islam est oecuménique, démocratique, en un mot post-moderne. Mais c'est finalement, une Tunisie à la limite de l'obscurantisme dans lequel ils ont vécu durant les trois dernières années...La révolution du Jasmin a donc été retrouvée avec des élections qui sont en train d'accoucher d'une Tunisie pluraliste et tolérante, qui est dans une assomption de l'islam démocratique...Nous quittons ce pays sous un beau soleil avec l'image de femmes en minijupe, attablées fumant des cigarettes avec des femmes en hibjeb. Une Tunisie où se croisent dans la rue et se parlent sans aucun problème les barbus de l'islam et ceux de l'extrême gauche. Une Tunisie où tout ce beau monde vit en totale harmonie, comme de vrais frères, malgré les différences idéologiques qui les séparent! C'est le sursaut révolutionnaire tunisien...




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