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Une responsabilité en partage




Une responsabilité en partage
Les violents incidents, qui ont émaillé la célébration du 34e anniversaire du printemps Amazigh, continuent d'alimenter la chronique. Réagissant à chaud, tous les acteurs politiques, au pouvoir ou dans l'opposition, rappellent à l'occasion la liberté d'expression et le droit inaliénable d'organisation et de manifestation consacrés dans la Constitution ainsi que les traités internationaux ratifiés par le pays. Certains ont même qualifié de provocation inacceptable l'intervention musclée de la police. Cependant, peu de gens se sont intéressés à la responsabilité des organisateurs dans ce genre de situation. Une marche mal encadrée débouche immanquablement sur des dépassements et des violences.Le succès d'une action de protestation publique dépend intimement de la capacité de ses promoteurs à la contenir et à l'orienter pour, ensuite, cueillir tous les fruits espérés. On n'improvise pas dans ce registre. En effet, force est de constater que des bandes organisées de pilleurs investissent en nombre ce type d'événements pour dégrader et voler des biens publics et privés. Le procédé est bien huilé : quelques gros mots et des jets de pierres en direction de la police suffisent pour dérailler la foule. À travers tout le pays, les commerçants craignent beaucoup ce type d'événements. Ils cadenassent automatiquement leurs boutiques et veillent personnellement sur leurs biens. Car, une fois les hostilités ouvertes avec les services de l'ordre, ces derniers étant occupés, les voleurs se mettent immédiatement à leur sport favori. Illustrations : à Béjaïa, les jeunes qui ont sabordé le meeting électoral d'Abdelmalek Sellal, le 5 avril dernier, ont fini par voler tout le matériel de la maison de la culture. Précédemment, la même chose s'est produite à la direction de l'éducation lors des protestations de lycéens. Toujours à Béjaïa, dans la commune de SoukEl Thenine, les violences nocturnes qui ont émaillé l'élection présidentielle, ont permis aux cambrioleurs de se servir dans les magasins de la vieille ville. À Tizi Ouzou, c'est le siège de l'opérateur téléphonique public, Mobilis, qui en a fait les frais. Çà fait trop de coïncidences pour croire à un regrettable débordement. Cela prend l'allure d'une véritable razzia. On est tous d'accord sur la libre expression et le droit de manifester pacifiquement dans toutes les villes du pays, y compris Alger. Mais, les animateurs de la manif ont aussi l'obligation de mettre en place un service d'ordre irréprochable pour débusquer et écarter les faux manifestants. La police, qui sécurise le périmètre, peut être sollicitée pour se débarrasser des intrus. Une manifestation, qui se transforme en scène de pillage à ciel ouvert, nuit, en premier lieu, à la cause qu'elle est censée servir. Il est juste de dénoncer l'excès de zèle de certainspoliciers, comme ceux qui s'acharnent sur des personnes à terre. Il est tout aussi approprié de souligner les manquements et les ratés de l'organisation. Finalement, un policier sur le lieu d'une manifestation n'est qu'un simple citoyen qui craint aussi pour sa vie et, parfois, s'affole devant la mauvaise tournure des événements. On ne doit pas le prendre automatiquement pour unadversaire, voire un ennemi à abattre.Il y a, à ce niveau précis, un rapprochement à faire pour que la liberté de manifestation ne soit pas un leurre au service des pillards.Une société qui manifeste, remue et bouillonne, donne la preuve de sa vitalité et de son engagement pour l'intérêt collectif. Elle dénonce les abus, vilipende l'incompétence et pousse vigoureusement la roue du développement. L'Etat en tire le plus grand avantage pour corriger ses politiques et revoir ses choix. La justice aussi en tire une force extraordinaire. Seulement, il faut que tout soit bien organisé pour barrer la route aux fossoyeurs de cette même liberté. Et là, la responsabilité est partagée.K. A.




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