Une opération contre les vendeurs à la sauvette tourne au drame Aïn Benian : un jeune de 19 ans s'immole et brûle son ami

La victime a mis le feu à son corps alors qu'un policier la sommait de débarrasser le trottoir des marchandises qu'elle proposait à la vente.
Un jeune homme de 19 ans a tenté de se suicider, hier, en s'immolant par le feu, en plein marché d'Aïn Benian, à l'ouest d'Alger, après une décente de police pour délocaliser les vendeurs à la sauvette. Les policiers présents sur les lieux depuis 8h du matin avaient ordonné aux vendeurs de ramasser leurs marchandises et d'évacuer les trottoirs, d'après les témoignages de jeunes recueillis sur place. Selon ces témoins, tous les vendeurs se sont exécutés, à l'exception d'un seul qui s'est obstiné à ne pas bouger.
Devant son entêtement, un policier lui renouvelle l'ordre ; la situation devient tendue entre les deux hommes. Il est 11h, le jeune menace de s'immoler si quelqu'un s'approche de lui. À ce moment-là, le policier avance vers le jeune, et à cet instant, l'incident tourne au drame : le vendeur à la sauvette vient de mettre le feu à son corps en usant d'un briquet.
Dans la foulée, les flammes atteignent les vêtements de son ami, près de lui, qui finit par être brûlé lui aussi. À notre arrivée sur les lieux, à 14h, tout était calme, la circulation fluide. Ou presque.
Dans un coin de rue, les traces de l'incident, sous forme de cendres, étaient encore très visibles. Une table et un parasol brûlés jonchaient la route. La présence de la police antiémeute est remarquable.
Des jeunes du quartier, regroupés devant la mosquée, tenaient une discussion animée avec deux agents de police. Dès notre arrivée, les jeunes présents sur place viennent vers nous et nous racontent que le jeune venait tout juste de commencer à travailler.
'Le jeune est mon ami. Il est issu d'un milieu défavorable. Il était là, avec un autre, pour vendre des vêtements sur le trottoir et tenter d'améliorer son quotidien", relate un jeune rencontré sur place. Au moment où nous mettons sous presse, la cellule de communication de la police de Chéraga ainsi que le commissariat central d'Alger affirment n'avoir aucune information supplémentaire sur l'état des deux jeunes brûlés lors de cet incident. Sauf qu'ils ont été transportés vers l'hôpital de Baïnem.
D. S.