Algérie - Revue de Presse

Une huître pleine de culture



A quelques pas du siège de la Chancellerie, au c?ur du Tiergarten, la forêt-jardin de Berlin, Haus der Kulturen der Welt, la Maison des cultures du monde, trône comme un château. L?architecture de la bâtisse est, elle-même, une curiosité. Les Berlinois lui ont donné le surnom de Schwangere Auster (huître pleine). Elle est née d?une contribution américaine à l?International Building Exhibition (Interbau) en 1957, un concours remporté par l?architecte Hugh Stubbins. Jusqu?à 1987, la bâtisse remplissait la fonction de palais des congrès de Berlin. Au milieu du bassin, qui entoure partiellement le bâtiment, se dresse une sculpture imposante de l?anglais Henry Moore. En 2007, le bâtiment va célébrer son 50e anniversaire. Aussi le gouvernement fédéral a-t-il dégagé 9 millions d?euros pour la rénovation de la structure. Pour l?événement, on prépare la terrasse. Terrasse où en été des concerts pop et techno sont organisés. Depuis 1987, après avoir été reconstruite en partie, la bâtisse est devenue le lieu de rencontre de tous les agitateurs des arts et des lettres d?Afrique, d?Asie et d?Amérique latine. Noureddine Benredjeb dit Nouri, Allemand d?origine tunisienne, responsable des programmes musicaux et des médias, nous fait visiter les lieux. Il nous montre un théâtre de 400 places, un restaurant pour les invités, un shop où l?on vend des disques et des livres, et un auditorium de 1200 places. « C?est là que Khaled et Mami ont animé des concerts », nous dit-il. « Le but de la maison est d?expliquer aux Allemands les cultures des autres pays. Nous ciblons toutes les couches sociales. Nous faisons en sorte qu?aucune culture ni aucune civilisation ne soit marginalisée », explique-t-il. Les invités de la maison sont logés dans des hôtels grand standing. Ils sont tous des Michael Jackson, pour reprendre l?expression de Nouri. La maison s?intéresse à la littérature, aux films, à l?audiovisuel, à la musique, aux expositions de peinture et à d?autres formes artistiques. Ici, il n?y a aucun tabou, aucune frontière. Nouri a contribué à la production en 1996 d?un CD du chanteur algérien Messaoud Bellemou. « Nous ne cherchons pas que des stars. Dans notre action, nous essayons d?éviter de passer par les canaux officiels », indique Nouri. En 2003, la maison a invité des artistes de Syrie, du Liban, d?Egypte, de Palestine et d?Irak pour Disorientation, une manifestation dédiée au Moyen-Orient. « Un Orient qui se cherche », appuie Nouri. Cela a été ponctué d?un CD, un mélange de musique savante et de protest songs, où on trouve Kamila Jubran, Mohamed Mounir, Soap Kills et Ilham Al Madfai. La maison, qui a projeté des films algériens, a organisé des rétrospectives des festivals du Fespaco (Ouagadougou), de Zanzibar et de Carthage. Elle a son mot à dire à la Berlinale, célèbre festival de Berlin dont la prochaine édition est prévue en 2005. « Nous ne sommes pas élitistes. Mais ce qui est sûr, c?est que nous ne sommes pas populistes », précise Nouri qui nous invite à prendre un café, dans une cafétéria dans les sous-sols de la maison. Lieu où on vient même faire des essais de voix ! A côté, deux salles de conférences, ouvertes aux écrivains et tous ceux qui ont quelque chose à dire. Librement. En 2005, la maison va organiser une manifestation sur les génocides avec, en exemple, la guerre namibienne, un forum pour 520 jeunes talents de 82 pays parallèlement à la Berlinale et des semaines dédiées à l?Asie-Pacifique. Deux fois par mois, Nouri se déplace à Vienne, en Autriche, pour préparer une thèse sur « le jardin des culturelles ». C?est que Nouri ne croit pas au « choc » des civilisations.



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