Algérie

Une gestion gouvernementale plutôt mitigée




L’énigme Belkhadem Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, nommé, il y a moins d’un an à ce poste, par le président Bouteflika, en remplacement de Ahmed Ouyahia, est-il aujourd’hui sur un siège éjectable comme le laissent entendre certaines voix autorisées. Nul doute que personne n’est en mesure, aujourd’hui, d’apporter la moindre affirmation à ce sujet au regard de la «complicité mutuelle» qui lie les deux hommes forts du pouvoir. Alors pourquoi «aller chercher les poux» là où il n’y en a pas. Il y a lieu de rappeler, d’abord, que c’est le président Bouteflika qui a usé de tout son pouvoir de dissuasion, en prenant un risque majeur, pour l’introniser à la tête de l’Exécutif, alors qu’il n’avait aucune expérience dans la gestion ou un passé de responsable ministériel. Tout juste s’il a été, un moment, président de l’Assemblée nationale, après la mort de Rabah Bitat. Après une première tentative avortée en 2001, le président Bouteflika a réussi à l’imposer tout de même au sommet de l’Exécutif en mai 2006. A cette époque, Abdelaziz Belkhadem avait déclaré qu’il était «honoré» de la confiance placée en lui par le chef de l’Etat. Il ajoutera ensuite que la nouvelle équipe gouvernementale sera connue «sous peu», et ce, au terme des consultations qu’il devait entamer, juste après sa nomination. Il n’en fut rien et Belkhadem garda, sans broncher, la même équipe. Le président Bouteflika ne voulait certainement pas chambouler la composante gouvernementale au risque de déstabiliser le vaste programme de réalisation lancé au titre du IIè plan de relance économique. Le nouveau Chef du gouvernement vivra mal cette première imprudence. Il en commettra une autre plus grande en annonçant à la presse, -peut-être était-il excédé par les écrits de presse qui lui déniaient toute responsabilité dans la nomination des ministres- qu’il avait saisi par écrit le président Bouteflika pour l’autoriser à procéder à un remaniement ministériel. Depuis cette annonce, le président Bouteflika a gardé un silence énigmatique qui en dit long sur cette affaire. A aucun moment, le président Bouteflika n’a fait allusion à cette demande, ne serait-ce que pour soutenir son chef du gouvernement. Dès lors, les analystes et les observateurs ont très vite conclu que les jours de Belkhadem à la tête du gouvernement sont comptés. Abdelaziz Belkhadem appelé pourtant à remplacer au pied levé Ahmed Ouyahia pour donner plus de vitalité et de jus à une équipe gouvernementale, en proie au laxisme, n’a pas réussi à faire oublier son prédécesseur qui a placé la barre très haut. L’actuel locataire du Palais du gouvernement préfère, peut-être, les réunions du Conseil du gouvernement aux sorties parfois tonitruantes de l’ex-chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Au moment où il était préférable pour lui d’investir le terrain, il opte plutôt pour les réunions avec les walis concernés. Il est vrai que la marge de manœuvre de Belkhadem est beaucoup plus réduite, comparativement à son prédécesseur qui donnait l’impression de tout écraser sur son passage. Peut-être que les rumeurs de son remplacement ont plombé les ambitions de celui qui avait le vent en poupe des mois durant, avant de sombrer dans une totale léthargie. D’où ces interrogations à n’en plus finir? Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem sera-t-il sacrifié à son tour? Qui lui succèdera? Et surtout, pourquoi un autre changement? Celui-ci obéira-t-il à des considérations politiques, sera-t-il le fruit d’un rééquilibrage au sein de la haute hiérarchie politique ou seulement l’émanation d’une autre stratégie politique? Des ministres sont dans le collimateur... Ould Abbès, Khelil, Medelci, Hmimid, Amar Tou, Benbouzid, Harraoubia, Temmar, etc. Le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, ne présentera pas de programme économique à l’APN, du moins par pour le moment. Le Parlement, dans ses deux chambres (APN et Sénat, ndlr), a, en effet, décidé que la session d’automne s’achèvera à la date du 31 janvier 2007. Même s’il a réussi, tant bien que mal, a lancé le débat sur la persévération du tissu industriel, en gagnant à sa cause le président, pour amorcer une stratégie industrielle, Abdelaziz Belkhadem n’aura finalement convaincu personne sur sa capacité à insuffler un souffle nouveau à l’économie algérienne. Les cinq dernières années avaient permis au pays de connaître une stabilisation du cadre macroéconomique du pays, un rythme intense d’investissements publics et privés, totalisant près de 150 milliards de dollars, ainsi qu’une reprise continue de la croissance dans certains secteurs stratégiques. Mais ce n’est pas suffisant, même si la situation socioéconomique du pays s’est accompagnée de résultats indéniables pour l’économie nationale, notamment à travers le recul du chômage pour la première fois depuis les années 1980 et la baisse du déficit national en logements. L’Algérie est interpellée à maintenir un rythme élevé de développement, non seulement pour résorber ses retards mais aussi pour se préparer à faire face à deux défis majeurs, à savoir son adaptation à la compétitivité économique imposée par l’accord d’association avec l’Union européenne, son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue en principe à la fin du mois de juin prochain et la création d’une richesse suffisante et durable pour préparer l’ère de l’après-pétrole. Le vœu du président Bouteflika d’instaurer une économie de marché qui «ne sera ni une économie de bazar ni un bradage des richesses nationales comme elle ne sera ni un nouveau dogme ni encore moins un slogan» a-t-il trouvé tout son sens dans la désignation de Abdelaziz Belkhadem moins rompu aux affaires économiques que son prédécesseur? La réforme du système financier et bancaire connaît un retard dans l’allumage. La question du foncier agricole, un thème qui est devenu le cheval de bataille du FLN, a constitué sans nul doute un autre casse-tête chinois pour le Chef du gouvernement qui, à l’instar de son parti, n’entend nullement brader les terres agricoles au profit de zones industrielles et encore moins à céder aux agriculteurs une concession illimitée.
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