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Une décision tardive


L'implantation du centre d'enfouissement technique Doghra, dans la commune de Zighoud Youcef, a provoqué l'ire de la population, qui refuse mordicus de l'accueillir sur son territoire pour le traitement de quelque 300 tonnes de déchets de la wilaya.Il aura fallu quatre jours de violences pour qu'une décision de fermeture momentanée du centre d'enfouissement technique (CET) de Zighoud Youcef, à 30 km au nord de Constantine, soit effective. Une décision tardive émanant du chef de l'exécutif, Hocine Ouadah, qui a fini par prendre langue avec la population et acter ses doléances dans l'après-midi de samedi. Les hautes autorités auraient été à l'origine de ce revirement.L'implantation du CET Doghra, dans la commune de Zighoud Youcef, a provoqué l'ire de la population, qui refuse mordicus de l'accueillir sur son territoire pour le traitement de quelque 300 tonnes de déchets de la wilaya. La raison principale est cette crainte de la pollution des terres agricoles, seule ressource notable dans la région.Le mal est plus profond : pauvreté, chômage, manque d'infrastructures? bref manque de perspectives. Les violences qui ont émaillé la localité de Zighoud Youcef ces derniers jours auguraient une situation explosive qui aurait pu être évitée tant son bilan est lourd. Les autorités locales sont restées en retrait, laissant les brigades antiémeute se charger du problème. Ces confrontations se sont soldées par dix arrestations (dont trois mineurs) et des blessés parmi la population ainsi qu'au sein des forces de l'ordre, et l'incendie du domicile du chef de la daïra.Les signes avant-coureurs d'une exaspération étaient perceptibles, mais les autorités ont feint de ne rien voir. La population de Zighoud Youcef a fait savoir son refus de l'installation du CET au premier responsable de la wilaya, lors d'une visite, il y a déjà plusieurs mois. Hocine Ouadah n'en a pas pris acte et le CET a été mis en service contre la volonté des habitants. Les gouvernants se soucient peu du bien-être de leurs administrés, preuve en est la mise en exploitation de cette structure censée traiter les déchets domestiques dans le respect des normes, mais dont les répercussions écologiques n'auraient pas été étudiées.Sinon, comment expliquer cette subite volte-face des autorités qui vont engager «une expertise qui sera effectuée par deux bureaux d'études désignés par le ministère de l'Environnement afin de déterminer si risque il y a sur la population et l'ensemble de la région» ' Nous aurions aimé avoir plus de détails, mais cela a été impossible.Problème de gouvernanceLe wali a jugé utile de se faire accompagner, lors de son déplacement samedi à Zighoud Youcef, uniquement par la presse étatique. C'est donc le ministère de l'Environnement qui aurait pris les choses en main. La tutelle serait ainsi intervenue pour reprendre le dossier puisque, jusqu'alors, il semble avoir été mal géré par la direction de l'environnement et par les responsables locaux. Une navigation à vue dont Constantine détient le secret.La capitale de l'Est bute sérieusement contre les questions relatives à l'environnement, dont la plus élémentaire, celle des ordures ménagères. Elle a échoué lamentablement à les circonscrire pendant la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Pourtant, des sommes faramineuses ont été débloquées pour ce volet sans qu'il y ait eu des résultats probants.La pierre d'achoppement dans ces dossiers sensibles nous renvoie à une absence de vision dans la gestion publique. Pour les observateurs locaux, la troisième ville du pays souffre d'un problème de gouvernance. Au lieu de mettre en service un CET puis de suspendre son activité jusqu'à nouvel ordre, il aurait été rationnel d'intervenir en amont afin de mesurer son impact écologique.Le CET de Doghra, qui a coûté plus de 25 milliards de centimes, risque de connaître le même sort que celui de Bougharb, dans la commune de Ben Badis, au sud du chef-lieu de wilaya, fermé pour les mêmes raisons. Et tout l'investissement emporté par le vent. La fermeture définitive 'solution qui n'est pas à écarter et la population de Zighoud Youcef y tient fermement 'aurait in fine grevé vainement la trésorerie publique dans une conjoncture budgétaire empreinte d'austérité et de restrictions.


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