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Un webdoc pour déconstruire les clichés sur l'Algérie



Un webdoc pour déconstruire les clichés sur l'Algérie
Ah, encore un webdoc sur l'Algérie fait par une Française. Oui. Mais celui-là n'est né ni à la faveur du cinquantenaire de l'indépendance, de l'anniversaire de la naissance de Camus ou de l'élection présidentielle.Fabriq ALGERIA, mis en ligne sur www.elwatan.com, est le résultat d'une longue réflexion menée après deux ans «de grâce et de rudesse» passés en Algérie. Rien ne prédestinait Camille Leprince, 31 ans (26 ans à son arrivée à Alger), ex-coordinatrice de la mission Médecins du monde en Algérie, à un tel projet. «Lorsque je suis arrivée en Algérie 'juste avec mon imaginaire construit de bribes de récits familiaux, de manuels d'histoire? je me suis rendu compte qu'il y avait un décalage entre l'image que l'on a du pays, notamment avec ce que renvoie la télé française, et la réalité, raconte-t-elle.Au quotidien, alors que j'avais l'impression qu'on me prenait à témoin de ce qui se passait, je me suis demandé que faire de tout ce qu'on me racontait, de ce que je ressentais.» Au fil de son chemin, de ses rencontres, de ses remises en question, l'idée mûrit. «Cette vision binaire que l'on porte sur les pays arabes, entre ceux qui ont connu des révoltes et ceux où il ne se serait ?'rien passé , m'a beaucoup gênée. Cela revenait à ne pas entendre le bruissement de certaines sociétés, analyse-t-elle. J'étais aussi gênée par le fait qu'en France, on regarde tout ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée à l'aune de notre propre modèle, comme si les sociétés n'étaient pas différentes. Enfin, j'avais envie de parler de la société dans une temporalité différente de celle des médias qui traitent de l'événement, et peu de l'à-côté.»Poussée par le besoin de créer des liens avec le monde artistique et de «se défaire de formats de pensée», Camille se tourne vers les artistes de son âge ? Hassen Ferhani, Bouba, Mehdi Djelil, Nassima Salhi, Stica, etc.? non pas pour produire un webdoc qui parle de la culture, mais qui parle de l'Algérie à travers l'art. «J'avais 26 ans et je me suis demandé ce que ça voulait dire d'avoir moins de 30 ans en Algérie quand on est un artiste. Qu'est-ce que cela dit de nos questionnements intimes ' De nombreux jeunes artistes négocient leur place dans la société grâce à l'art qui les aide, et dont ils se servent aussi pour trouver des brèches.»Le résultat ' Une petite œuvre authentique dont les représentants soigneusement choisis offrent l'image d'une Algérie bien plus plurielle qu'on ne le croit, qu'on ne la pense. Et qui ouvre encore sur de nouvelles questions. «Le témoignage collectif sur la mobilisation montre que si s'affirmer en tant qu'individu dans une société très collective est un premier pas, chacun a aussi besoin de confrontation avec l'autre, de compréhension mutuelle, conclut-elle. Dans une société blessée, où persiste une forme de défiance entre les individus, c'est à mon sens quelque chose d'important. C'est en tout cas ce que j'ai compris de l'Algérie.»


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