Algérie

Un wali qui vend, un peuple qui n'achète pas




A écouter dans les Forums de l'ENTVles walis envoyés par l'Etat sur la terre du peuple pour lui apporter l'eau, lepain et le toit, l'égout et l'ordre, l'Etat fait beaucoup, énormément etpresque plus que ne l'oblige le cahier des charges de l'Indépendance. Le walid'Oran avant-hier, et ceux d'autres wilayas auparavant ont été clairs, directs,confiants en leur personne et en leurs chiffres, impossibles à surprendre etfortement motivés par Bouteflika, l'argent et lenationalisme altruiste des hauts cadres de l'Etat et le sacerdoce de leurfonction. Les Forums de l'ENTV semblent servir mieuxl'image de l'Etat que la surréaliste formule de l'invitation des walis par legouvernement pour des récitations de chiffres à huis clos, très vite abandonnéed'ailleurs. Sur scène, entre le parterre de journalistes, les hommes du wali dujour, la présentatrice et le présentateur de l'Etat, le pays se porte bien etse dirige le pas ferme vers sa dernière et ultime inauguration.Même méchants et acariâtres comme nous l'a appris à lefaire le désenchantement de l'Indépendance, il faut reconnaître que l'Etat faittout, dépense beaucoup et fabrique l'avenir autant que faire se peut pour unpeuple qui n'arrête pas de grimacer et de se multiplier beaucoup plus vite queses barils. Car il ne faut jamais oublier que l'Etat aurait pu, en ce sens, nerien « donner », garder tout pour lui, frapper avec son armée et ses policessur le premier qui bouge et conseiller aux opposants et aux mécontents d'allerfrapper le mur en cas de contestation. Rien n'oblige l'Etat privé à être humainsauf peut-être la mondanité internationale. Ce n'est pas le cas : les walisrépètent en 48 endroits du pays, que l'Etat ne cesse de « donner » sans rienprendre à tel point qu'à côté d'un Etat libéral traditionnel, l'Etat algérienillustre l'éthique d'un communisme ultra solidaire introuvable ailleurs.D'où, la question donc : pourquoi se surprend-on toujours àvouloir que ce genre d'émission ne finisse jamais et qu'on y continued'échanger des questions jolies et des chiffres ronds jusqu'au jugement dernier? Pourquoi s'y sent-on mal à son aise, invité dans une fiction ou sollicitépour une sorte d'adhésion malsaine ? Pourquoi ce procès sans appel de l'orateurde l'occasion accusé de représenter l'Etat et donc de représenter son mensonge ?Pourquoi avec des cadres bien habillés, des chiffres rationalisés, beaucoupd'argent et des preuves à l'appui, l'Etat n'est toujours pas le bienvenu dansle cercle des gens à qui on accorde sa confiance et son amour ou, au moins, satendresse ? Parce que, essentiellement, l'Etat a tout sauf la légitimité. Ilpeut dépenser ce qu'il veut, le peuple l'accuse toujours d'avoir volé quelquechose les premières heures de l'indépendance, pendant la fête, entre deuxyouyous. Parce que le peuple ne le croit pas et parce que tout le monde triche.Parce que surtout à Oran comme ailleurs, le wali n'est pas élu mais désigné. Iln'est pas choisi mais imposé. Parce que durant l'émission, le maire était uninvité chez le wali qui était chez lui.La conclusion pour ce peuple assisté jusqu'à la gâterie estque plus on lui donne, moins on le sollicite et plus il devient évident qu'onveut lui acheter quelque chose d'évident. Parce qu'on a toujours cetteimpression que le bonhomme du moment veut vendre son image à ceux quil'emploient pas à ceux qui l'accueillent ou le subissent. Parce que la peupladey est réduite à un statut de consommateur pas à celui de vis-à-vis. D'où cemécontentement insoluble face à des dépenses qui ne comptent plus l'argent.Les Algériens veulent être actionnaires et les actionnairesne veulent pas d'un élargissement de la SPA.

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