Algérie

Un vieux est un jeune qui a mal tourné



Après les agriculteurs, les salariés et les coiffeurs, la question s'est rapidement posée : avec une élection sans jeu ni enjeu, comment attirer la jeunesse vers les urnes ' Elle qui sombre dans le chômage, se jette à la mer dans des barques trouées, s'abonne aux psychotropes sans contrôle médical, qui est rejetée par les plus grands quand elle est seule, chassée dans les parcs comme de vulgaires sangliers quand elle est en couple. Qui se fait fouiller à chaque barrage, étroitement surveiller à chaque match, devenant de fait le premier suspect du pays. Comment attirer les jeunes en sachant que le Président aura 77 ans à la fin de son mandat ' Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Bouteflika et spécialiste de l'eau qui dort, n'est plus un jeune lui non plus, mais a trouvé la réponse en forme de slogan. Lequel ' « Un ancien jeune au service de la jeunesse. » Il s'agit bien sûr du Président, un ancien jeune (« djabed rouhou »), comme un ancien moudjahid, un ancien champion, un ancien modèle ou une ancienne route.Comme un repenti qui aurait déposé les armes de la jeunesse pour rentrer dans le droit chemin pour bénéficier de la retraite de l'Etat. Est-ce un bon slogan ' D'abord, par définition, tous les vieux sont d'anciens jeunes, ce qui ne le différencie pas d'autres vieux, sauf peut-être de Louisa Hanoune qu elle, n'est pas un ancien jeune, mais une ancienne jeune. Ensuite, c'est l'utilisation du mot « ancien » qui pose problème. Car tout est ancien en Algérie, d'où le marasme, à commencer par ses dirigeants. Avec leurs anciennes méthodes, anciens réflexes, anciens modes de nomination, anciens cultes de la personnalité, avec son ancienne télévision et son ancien système. C'est pour en finir avec l'ancien que les jeunes s'enfuient, justement, vers des rivages neufs. Le slogan est-il bon ' Oui, il aurait peut-être été bon. Il y a longtemps.



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