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Un tabou qui avance en silence



Un tabou qui avance en silence
Les joints s'invitent à l'universitéLe constat est alarmant. Les chiffres datent toutefois de plus de trois années. Mais, qu'en est-il depuis la parution de ces statistiques'Le sujet est sacrément tabou. Les étudiants refusent même d'entendre une telle question. Demander à un étudiant s'il a, au moins une fois, consommé une substance narcotique ou tout crûment une drogue, relève de l'atteinte à la révérence de l'enceinte universitaire. Mais, en fait, le danger de la situation mérite de se risquer à affronter ce tabou. Le risque en valait bien la peine pour plusieurs raisons. D'abord, à bien observer le monde actuel, il s'avère nécessaire de regarder autour de soi car le phénomène de la consommation de «smart drugs» touche les plus prestigieuses universités du monde. Et, pourquoi pas les nôtres' La perméabilité des frontières dans un monde archimondialisé fait que la plus grande attention est nécessaire pour nos institutions quelles qu'elles soient. Enfin, nos chercheurs, eux-mêmes, agissant justement dans ce souci, ont mis à nu cette réalité considérée jusque-là comme tabou. En effet, le tabou n'a plus lieu d'être car une récente étude menée par des chercheurs du CHU de Tizi Ouzou a révélé que plus de 11% des étudiants reconnaissaient avoir touché au moins une fois à cette substance. Le constat est alarmant. Les chiffres datent toutefois de plus de trois années. Mais, qu'en est-il depuis la parution de ces statistiques' Nous avons tenté une immersion en milieu estudiantin pour sonder l'évolution de la situation tout en nous rapprochant des étudiants. Au début, il nous a fallu tisser des liens pour approcher les concernés. Dans la discrétion totale, nous avons recueilli quelques avis, rares, mais renseignant suffisamment sur l'étendue de ce phénomène.L'effet de mode ou comment paraître branché. Aujourd'hui, à l'ère de l'Internet, le monde est sans frontières, du moins virtuellement. Ce monde virtuel mondialisé influe cependant sur les façons d'être de diverses catégories de populations à travers tous les continents. Parmi ces catégories exposées, la jeunesse, surtout celles évoluant dans les campus universitaires. Etre en avance sur son temps, rebelle, branché figurent parmi les caractéristiques qui attirent les étudiants à travers le monde entier.C'est pourquoi donc, parmi les avis recueillis, il y a ceux qui consomment ces substances pour paraître branchés surtout aux dernières tendances. «Pourquoi ça vous étonne' Les étudiants des plus grandes universités du monde en consomment. Au Canada, aux Etats-Unis et en Europe, ça se prend» a affirmé un étudiant qui a accepté de nous parler mais qui dit ne plus en toucher.«Je fumais déjà au lycée...» Portrait d'un étudiant fumeur «Vous savez, parfois on fait des cocktails de plusieurs substances qu'on associe à l'alcool, d'autres camarades prennent des médicaments pour se soustraire à la pression: Tranxène et divers antalgiques. En fait, notre virée n'a fait que confirmer les résultats de l'enquête menée par les chercheurs du CHU Nédir Mohammed. Des drogues comme le cannabis et le kif sont les plus consommées par les étudiants. Trabenzitu, Tramadol, des antalgiques, des tranquillisants, voire de la cocaïne à des quantités toutefois minimes. Il est impossible de définir le portrait d'un étudiant consommateur. A ce stade, la consommation n'affecte généralement pas le comportement des étudiants. Prendre des substances du genre ne rend pas un étudiant délinquant. On en est encore loin car le portrait de ce consommateur est si ordinaire qu'il ne montre aucune différence. Fait rare mais qui doit alerter aussi: la consommation ne concerne pas uniquement les garçons.Effet d'entraînement ou liaison avec les réseaux de grande délinquance' Ce qui donne froid au dos, ce n'est pas seulement la proportion toujours élevée des étudiants qui touchent à ces substances. C'est que le danger est plus grand car pour pénétrer dans les chambres universitaires, la drogue doit passer par des liens et connexions entre étudiants, et réseaux de vente de drogue. Si l'étude menée par les chercheurs a révélé les méfaits de ces substances sur l'étudiant et la société en général, il devient impératif que la lumière soit faite justement sur ces connexions. «Des camarades, je ne sais pas plus que ça» La réponse est toujours courte et sèche. Les quelques témoignages que nous avons recueillis conjuguaient d'ailleurs au passé pour éviter des questions plus gênantes.Enfin, notons que si les chercheurs du CHU Nédir Mohamed ont brisé le tabou qui entoure ce phénomène au niveau de l'université de Tizi Ouzou, il convient de signaler que les statistiques ne mettent à nu le fléau à un niveau plus large. Des recherches doivent concerner les autres universités algériennes pour définir l'étendue de phénomène et mettre au point des stratégies nationales.


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