Algérie

Un système tubeless




EnAlgérie, un test électoral se résume à deux visions : celle de gens qui par levote prouvent que le système gagne toujours, s'en sort vivant après chaquecascade, continue malgré ses échecs et se passe de tout le monde au nom de toutle monde; et celle de gens qui espèrent à chaque élection un désaveu direct, unechute démocratisante, un camouflet par l'abstentionet un revers par le refus de participation.Lespremiers comptent souvent sur l'analphabétisme politique d'une bonne partie del'électorat, sur le système de la rente qui nourrit la majorité, sur lesappareils, sur la faiblesse organisée de l'opposition, sur les médias contrôléset sur la menace implicite qui veut que c'est soit eux,soit le chaos. Les seconds comptent sur le nombre arrêté des scandales renduspublics, sur la mauvaise publicité qu'ont les élus du peuple chez le peuple, surles contradictions des chiffres collectifs avec l'indice du bonheur individuel,sur l'évidence de la prédation comme institution souveraine, sur la pluie, l'étatdes routes, le temps et l'épuisement biologique de la génération de 54.Lespremiers, et à chaque fois, s'en sortent avec des taux qui laissent pantois lesseconds et les seconds expliquent à chaque fois que les premiers fraudent soitavec les urnes, soit avec les chiffres, soit avec les PV, soit avecl'administration, soit à l'aide de leur position dominante à la source de ladistribution alimentaire.Achaque fois cependant, le démenti est cruel et la désillusion presqueinsupportable. Le système a chancelé après la mort de Boumediène,a failli s'étaler par terre avec les évènements d'octobre, a presque tout perdudurant la décennie FIS, a souffert de solitude avant la redécouverte de Bouteflika et s'est senti un peu gêné avec l'abstention du 17mai dernier et le scandale de Khalifa juste avant. Pourtant il est encorevivant, parle bien, possède de l'argent, redevientfréquentable, collectionne les sourires internationaux et se permet même depenser à un troisième mandant avec un troisième Bouteflika.Question de base: d'où lui vient cette formidable santé face à l'adversité, ledestin, les circonstances, le climat, la sécheresse, le mildiou, l'augmentationdes prix à la consommation et les émeutes qui ne s'arrêtent que pour trouverdes pneus plus gros à brûler ? Comment se fait-il qu'il ne meurtjamais alors qu'il crève tout le temps ? Pourquoi trouve-t-il toujours unsursis alors que tout le monde pense qu'il est fini ? Pourquoi ceux qui ytravaillent se ressemblent tant et semblent si peu touchés par les cycles depéremption ? Et pourquoi ses adversaires finissent-ils toujours par vieillirplus vite, parler moins haut, servir sur la lune et ressembler à des souvenirs et à de mauvais lecteurs de la bonneaventure ? Réponse: parce que.C'estainsi, tout le monde le sait, le vit, le pense, le subit et s'en contente. Onne peut pas changer le système, ni l'intérieur, ni l'extérieur, ni après, niavant. On peut seulement en sortir ou y entrer. Attendre qu'il s'épuise avec lepétrole, puis reconstruire le pays avec une source d'énergie alternative.
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