Algérie

Un sport bien de chez-nous



Un sport bien de chez-nous
Tout comme les samouraïs, les pratiquants du matrag sont très disciplinés. Ils se livrent corps et âme à ce sport ancestral.Constater que des dizaines de Mascaréens sont équipés de matrag (la matraque) en déambulant dans les rues de leur ville, cela ne signifie aucunement que ces Mascaréens sont violents ou encore agressifs vivant dans les années du Moyen Âge. Bien mieux, des milliers de jeunes se livrent à ce sport revenu de si loin après avoir failli disparaître du paysage culturel des villes et localités composant la partie ouest du pays. Ce petit gourdin est confectionné à partir de la branche tendue de l'olivier.Son porteur l'attache minutieusement dans son poing à l'aide d'un petit fil. Il est, certes, une véritable arme. Mais son porteur n'a jamais été interpellé par la police pour port d'arme prohibée tant que cette canne n'a jamais été utilisée dans le cadre criminel. Pourtant, il sert au self-défense. Le porteur du matrag est entraîné pour se servir de cette canne tout droit assénant des coups durs allant jusqu'à immobiliser tout individu osant défier son porteur en tentant une petite agression. El matrag ou encore la matraque est perçu en tant que sport sain appartenant à une région des mille et une traditions, l'Oranie. Ses pratiquants plaident aujourd'hui pour l'intégration d'une telle discipline en tant que sport national et international.Pourquoi' Tout comme les samouraïs de la Chine, les pratiquants du matrag sont très disciplinés et vigilants en se livrant corps et âme dans la défense de ce jeu ce sport ancestral. Les matrag «mens» ne sont aucunement amadoués par les tintamarres du raï tant le sport exige une forte concentration et une discipline exemplaire en le pratiquant. El matrag trouve son terrain d'exercice à l'occasion du Ramadhan de chaque année et lors des rituels religieux comme l'Aïd et autres zerdate et waâdate comme la waâda de Sidi El Hasni et Mawssim Sidi El Houari.A coups de bâtons de différents calibres, des jeunes et moins jeunes livrent des batailles aux vieux, qui très malicieux, à la fois défensifs et souvent contre-attaquants, s'en sortent toujours vainqueurs dans toutes les situations sans être touchés par leurs rivaux. El matrag est un jeu qui n'est pas tout à fait différent de l'escrime. Sauf que l'escrime est une discipline reconnue au niveau olympique tandis qu'El matrag est dans l'attente d'une reconnaissance par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Dans une rencontre, ayant réuni récemment L'Expression au disciple du célèbre cheikh Khlouf, Djilali Abdelkader, celui-ci a précisé: «On fait appel à nos proches pour pouvoir organiser une petite rencontre qui regroupe tous les joueurs du matrag.» «Ces rencontres se font souvent dans des petites places et les rues où l'on honore les maîtres du matrag», a-t-il expliqué.Les maîtres de ce sport à la fois populaire et tant adulé ne font aucunement la tête en se présentant sans rouspéter malgré la modestie des places abritant des tournois du matrag souvent sanctionnés par des ovations des présents sans plus. El matrag n'est pas la propriété exclusive des habitants d'Oran. Cheikh Bouziane est natif et résident de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Il vit grâce au trésor produit par ses propres mains. Dans sa besogne qui n'a pas de limites, il confectionne de belles cannes, très précisément El matrag. Bien mieux, cheikh Bouziane pratique cette discipline passionnant des centaines, voire des milliers de jeunes découvrant que le passé de leurs ancêtres est truffé de belles choses. Le jeu que l'on ambitionne transformer en sport olympique, est très répandu dans la partie Ouest. Il revient de très loin après avoir été donné pour disparu à jamais. Des chouyoukh de renom comme cheikh Bouziane le préservent tout en le vulgarisant dans toutes les manifestations officieuses. «L'Etat n'a jusque-là rien fait pour sauvegarder un tel sport qui mérite tous les égards, notamment en ce qui concerne son développement», dira cheikh Sadek d'Oran. Loin des fanfares et des feux de la rampe, des pratiquants de tout âge ne se conforment pas à une réglementation ni ne demandent d'autorisation pour se réunir pour croiser leurs bâtons, El matrag. Ils font leurs apparitions dans les places publiques à l'occasion des fêtes pour marquer eux aussi leur présence. Ils ne rentrent jamais dans leurs domiciles avant de faire revivifier les meilleurs comportements à tenir même si l'on est armé de ces gourdins aux coups très douloureux, mais jamais ravageurs. Dans leurs rencontres, aucun ne vient les importuner. Dans les cours qu'ils donnent occasionnellement sur la place d'Armes, des policiers en faction et des élus locaux se joignent aux présents pour admirer les acrobaties et feintes malicieuses données par les samouraïs d'Oran, les chouyoukh du matrag. A Oran, tout comme à Sidi Bel Abbès, Relizane, Mascara, Saïda, des chouyoukh ne cachent pas leurs ambitions quant à voir cette discipline prise en charge, homologuée en tant que sport national et pourquoi pas international. D'autant que cette discipline est, depuis sa création, régie par des règles rigoureuses mais toutes...sportives. «L'intérêt est de créer des salles devant servir de lieu d'apprentissage d'une telle discipline aux nouvelles générations devant servir de relève», dira cheikh Sadek ajoutant que «la pâte existe». En attendant la concrétisation d'un tel rêve, les chouyoukh et les quelques disciples se comptant sur les doigts d'une seule main, se contentent de s'entraîner dans la nature. De temps en temps, ils organisent des petites exhibitions sur les places publiques, question de maintenir, comme ils le disent, la forme, la main et le niveau, tout en vulgarisant peu à peu cette discipline aux règles valorisantes disciplinant et enseignant les valeurs humaines aux petits, aux jeunes, moins jeunes et aux adultes.



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