Algérie

Un soutien, source d'érrances financières


A la faveur de la crise et de la baisse des ressources financières de l'Etat, on assiste ces trois dernières années à l'intensification du débat sur le dossier des subventions.Un débat qui a pris de l'ampleur depuis le début de l'année en cours. L'on parle ainsi de la révision du système pour mieux cibler les aides. Le sujet fait même polémique surtout après la sortie d'Ahmed Ouyahia à Biskra à l'occasion du 21e anniversaire de la création du Rassemblent national démocratique (RND).
Jouant l'assurance, Ouyahia a troqué sa casquette de SG du RND contre celle de premier ministre pour dire que les carburants, le pain et le lait ne seront pas touchées par la levée du soutien de l'Etat soulignant même que «quelconque déclaration s'agissant d'une levée de subvention est infondée».
Une sortie qui montre encore une fois que cette question des subventions fait partie des enjeux politiques de l'heure. Mais dans tout ce débat qui s'annonce lent avec l'absence de cohérence dans les déclarations faites jusque-là, les subventions dédiées aux entreprises publiques sous différentes formes sont occultées. Et pourtant ces subventions ont consommé d'importantes enveloppes pour assurer l'exploitation et l'équilibre au sein de ces entreprises.
Elles constituent une aide directe à ces entités économiques dans un cadre volontariste difficile à quantifier. L'expert en risques financiers le dit d'ailleurs dans une de ses contributions publiées sur Maghreb Emergent : «Le soutien inconditionnel du budget de l'Etat à des entreprises publiques et autres services publiques a généré une errance comptable et financière telle qu'il devient titanesque l'effort d'en faire un suivi analytique suffisant pour en maîtriser l'investissement, puis le fonctionnement et son efficience opérationnelle et financière.»
Pour ce dernier, l'intervention publique doit se limiter à des investissements sur des projets à hauts risques ou à lourds investissements, sur des secteurs jugés stratégiques.
Or, ce n'est le cas. «L'Etat continue à injecter de l'argent dans des entreprises insolvables les maintenant ainsi sous perfusion financière. Au fil des ans, l'Etat a transformé ces dettes des entreprises en obligations. Un mécanisme qu'on ne voit nulle part dans les comptes», nous dira un expert financier. Aujourd'hui, avec l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, les banques ont la possibilité de vendre ces obligations au Trésor qui les paye via la planche à billets.
Des crédits en hausse
Auparavant, avant l'actionnement de ce mode de financement, entre 2015 et 2016, les créances bancaires non performantes, dues sur des entreprises publiques réglées par le Trésor aux banques à travers l'émission des obligations se sont élevées à 767 milliards de dinars).
Actuellement, le changement opéré dans la loi sur la monnaie et le crédit ouvre la porte au risque inflationniste à travers cette création de monnaie via justement ce financement non conventionnel (FNC).
« On crée de la monnaie parce qu'il y a des créances des entreprises des années passées qu'on va compenser par la création artificielle de la monnaie quand les banques demanderont leur argent au trésor», nous expliquera encore notre expert. C'est cette création monétaire qui a induit la hausse des liquidités dans les banques fin 2017 par rapport à 2016. Le gouverneur de la BA, Mohamed Loukel, l'a mentionné dans la présentation de la note de conjoncture la semaine dernière devant les députés.
Après être passé de 821 mds DA à fin 2016 à 512 mds DA à la fin septembre 2017, ce montant a atteint 1 400 mds DA à fin 2017, soit une évolution de près de 59%.
Parallèlement à ces aides, les crédits accordés au secteur public durant cette période ont aussi augmenté avec un encours de 4 237,4 milliards de dinars, soit une croissance de 7,22%.A titre indicatif, 74,5% de ces crédits accordés sont des crédits à moyen ou à long terme.
Encore un montant difficile à rembourser par les EPE face en proie à d'énormes difficultés en dépit des soutiens à coups de dizaines de milliards de dollars au fil des ans. Des soutiens via notamment le Fonds national d'investissements(FNI).
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