Algérie

Un scrutin qui inquiète



Le rideau est tombé sur la campagne électorale pour laisser place aux opérations de vote proprement dites, qui auront lieu jeudi, mais dont celles concernant nos populations nomades et de l'extrême Sud ont débuté hier. Au terme de cette campagne, il n'est pas certain que les autorités aient matière à envisager de manière optimiste le scrutin du 29. Rien dans la prestation des partis ayant mené campagne et le comportement populaire dans celle-ci ne devrait, en effet, les inciter à tirer la conclusion prématurée que cette fois l'électorat boudera moins massivement les urnes qu'il ne l'a fait pour les législatives. En apparence, le pouvoir donne l'impression de ne pas se sentir concerné directement par ce que feront ou ne feront pas les électeurs dans ce scrutin. Ses représentants ont publiquement émis cette opinion en soutenant que s'il y a une désertion des urnes le 29, c'est aux partis en lice dans la consultation qu'il faut l'imputer exclusivement, parce qu'ils n'auront pas su intéresser l'électorat aux enjeux du scrutin. Cela c'est pour la façade. Car au fond, le pouvoir et ses partisans sont véritablement inquiets à la perspective d'une réédition du scénario électoral des législatives, ou, pire encore, que le scrutin du 29 débouche sur un fiasco encore plus sévère. Un constat de ce type à l'occasion du scrutin de jeudi ne ferait en effet que rendre problématique et à haut risque les consultations populaires ultérieures que seront le référendum constitutionnel et l'élection présidentielle de 2009. Si jeudi, les électeurs persistent dans l'abstention massive, il est évident qu'il faudra tirer les conclusions que leur comportement n'est pas conjoncturel et qu'ils ne se montreront pas mieux disposés à reprendre le chemin des urnes à l'occasion du référendum, dont, par obligation constitutionnelle, le scrutin aura lieu forcément pas très loin après celui des élections locales. Des analystes soutiennent que le pouvoir a prévu sa parade pour une telle situation, consistant à faire passer la révision non plus par le biais référendaire mais par la voie parlementaire. Légalement, il a en effet toute latitude d'opter pour ce recours, qui a l'avantage de le prémunir d'une mauvaise surprise possible que lui réserveraient les urnes. Le Parlement, tel qu'il est, voterait sans hésitation ni murmure ce qui lui sera demandé. Evidemment, une révision de la constitution obtenue de cette façon sera forcément entachée de discrédit en terme démocratique. Ce qui jettera forcément de l'ombre sur l'éventuelle candidature de Bouteflika pour un troisième mandat. C'est là une situation avec laquelle ne peut faire «l'ego» surdimensionné du personnage, qui ne conçoit que le plébiscite populaire comme réponse à ses sollicitations. Imprévisible comme il l'a démontré, en même temps qu'imbu de son charisme et de son autorité, Bouteflika est susceptible d'envisager de s'en tenir à la légitimité populaire, avec le risque alors qu'il obtienne légalement sa révision constitutionnelle, puis sa réélection à un troisième mandat de manière boiteuse et forcément contestable, si l'abstention électorale à ces deux scrutins se manifeste avec la même ampleur que dans les précédents.
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