A J-2 des élections, la campagne s?est clôturée sur un nouveau moment de déprime tel qu?en connaît beaucoup le pays. Un instant de flottement morose, de grisaille maussade rehaussée d?une forte odeur d?horizon frelaté par cette déprime chronique que les experts étrangers ont diagnostiqué comme trop présente en Algérie. Maladie également répartie, seule pandémie à casser la frontière entre pauvres et riches, ruraux et urbains, civils et militaires, la déprime touche des millions de personnes déclarées, par ce sentiment confus compris entre la lassitude et le désespoir, le possible et le réel, l?ailleurs et l?ici, affection préférée des Algériens qui continuent à aimer la mort et ses dérivés presque autant que la mayonnaise et le parpaing. Avec l?absence d?embellie météo et socioéconomique, la difficulté de se procurer des drogues, légales ou pas, avec les discours psychotiques des dirigeants qui se relayent en boucle à la télévision pour en finir une fois pour toutes avec l?honnêteté, tout converge pour aller vers une rencontre à contrec?ur. Ce rendez-vous politique du 29 novembre ressemble à une rencontre entre deux êtres de sexe opposé, où ni l?homme ni la femme n?ont envie d?aller, trouvant tous les prétextes pour décaler l?événement, voire l?annuler tout court. Dans le meilleur des cas, ce rendez-vous électoral aura lieu « au-dessus du c?ur », par consensus ou son caractère incontournable du genre « ça se fait pas ». Un rendez-vous triste et mouillé qui se conclura derrière un rideau dans une chambre, à l?abri des regards. L?Algérien et l?urne vont faire semblant de se rencontrer et d?avoir quelque chose à se dire. Le premier va faire semblant de glisser une enveloppe raide dans la fente. La seconde va faire semblant de s?ouvrir et de s?offrir. Ce 29 novembre, il n?y aura certainement pas d?orgasme. Ou alors au ministère de l?Intérieur.
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Posté Le : 27/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com