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Un projet de ciné-club contrarié


Un projet de ciné-club contrarié
A. LemiliQu'est-ce que l'art amateur aujourd'hui à Constantine à part la nostalgie qu'il laisse des deux décennies qui ont succédé à liberté recouvrée de l'Algérie ' Deux formidables décennies de créativité, des projets les plus fous et parfois les plus insensés qui ont pourtant nourri l'intelligence et l'ouverture d'esprit de ceux qui, ici et maintenant, sont désormais en retrait de toute vieculturelle parce qu'ils ne sont plus dans les clous d'autres formes d'art ou supposé.Pourtant cette extinction, sans doute trop dramatisée, n'a jamais empêché le désir de groupes de jeunes de rallumer une flamme à laquelle ils s'identifient qu'il s'agisse de musique, cinéma, peinture, théâtre, dessin de mode et couture. Des challenges lesquels s'essoufflent généralement faute d'un public, l'attractivité ne suivant pas et ravalant une attitude, un comportement, une action ordinaire en un phénomène étrangement appréhendé par les autres. Ceux-là même qui ont leur propre conception d'une forme d'expression à laquelle ils s'identifient, et pour cause, la réalité d'une époque, celle où ils vivent.C'est un peu le dur combat d'un groupe de jeunes constantinois qui essayent depuis quelques mois de trouver preneur à un projet qui leur tient à c?ur : la création d'un ciné-club. Ce n'est certes pas une nouveauté puisqu'il en a existé un entre 2005 et 2010 et que, surtout, la fortune a souri aux membres qui le composait dans la mesure où certains sont parvenus grâce à leur farouche volonté, leur pugnacité à obtenir une bourse d'études à l'étranger dans le domaine cinématographique et il s'en trouve même un qui, une fois les études terminées, a, dans la région du Québec, réalisé un documentaire. Pour ceux qui sont restés dans le pays, ils ont également continué leur bonhomme de chemin même si c'est dans l'anonymat forcé et pour cause le peu d'intérêt témoigné par les pouvoirs publics, les mécènes, les sponsors à des artistes qui ne produisent pas du clinquant, du kitsch, du rapidement consommable. En somme de l'art primitif, quoiqu'il soit important de souligner que ledit art n'a rien à voir avec les peintures rupestres des premiers hommes apparus sur terre.«Nous avons démarché un peu tout le monde. Il y a trois ans nous avons pris contact avec le directeur de la culture qui ne nous a pas facilité les choses en ce sens que la démarche administrative à laquelle il nous a engagée nous a en fait dissuadé. Nous nous sommes dit après concertation que si nous acceptions cette démarche ce serait faire une insulte à l'art et à lacréativité. Notre projet est simple, il n'est ni politiquement subversif ni moralement réprouvable, nous voulons simplement partager notre amour du cinémanotamment celui d'auteur avec un public en dormance qui n'attend que cetteopportunité. Par ailleurs, il ne s'agit pas pour nous de cibler seulement ce public, lequel est effectivement réduit, mais cela servirait aussi à avoir effet boule de neige et drainer de nouvelles personnes jusqu'à ce tout cela devienne une tradition etsuscite, c'est notre v?u, la création d'autres ciné-clubs.» Propos de rêveurs éveillés incontestablement. Pourtant Rachid, Amine, Sara, nos interlocuteurs, n'en démordent pas et investissent énormément dans ce que pourrait faire pour eux les médias pour réaliser ce projet. L'endroit, l'espace dévolu leur importe peu. «Nous sommes prêts à activer dans n'importe quelle commune de la wilaya pour peu que nous en ayons l'opportunité», diront-ils.En attendant, ils s'occupent chaque samedi à l'aide d'un matériel sommaire et rudimentaire à passer dans le videsanitaire d'un immeuble de leur cité des films suivis d'un débat avec les habitants du quartier. «Au départ, nous avons eu à affronter l'indifférence des gens, mais nous sommes arrivés à apprivoiser les jeunes du quartier et aujourd'hui, il y a même les parents de certains d'entre eux qui viennent y assister et nous éclairer de leur expérience lors des débats.» A. L.




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