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Un processus entre évolution et reflux



Un processus entre évolution et reflux
Organisé dans le cadre d'un partenariat entre sept universités du nord et du sud de la Méditerranée, ce colloque international, intitulé «Révoltes arabes, entre délitement, contestation et réformes, état des lieux», se veut un espace d'échanges académiques sur les questionnements et les bouleversements survenus dans certains pays du Maghreb et du Moyen-Orient.C'est dans la discrétion que se sont ouverts, hier à l'hôtel El Marsa de Sidi Fredj, les travaux d'un colloque international intitulé «Révoltes arabes, entre délitement, contestation et réformes. Etat des lieux». Organisé dans le cadre d'un partenariat entre sept universités du nord et du sud de la Méditerranée, Cracovie, Florence, Paris VIII, Tarragone, Mekhnès, Tunis et Alger III, ce colloque se veut un espace d'échanges académiques autour de ce moment fort et porteur de questionnements sur les bouleversements survenus dans certains pays du Maghreb et du Moyen-Orient.Ce moment fort sur lequel les médias, les politiques et les analystes hésitent à porter le même regard, est pour les académiciens une matière à réflexion et étude multidisciplinaire. Ce moment étant l'expression d'un ensemble de facteurs qui ne sauraient se résumer à la seule mort de Bouazizi, qui n'en est pas l'élément déclencheur, mais l'aboutissement d'un long processus historique. «Révolution, révolte, printemps ou hiver arabe, les universitaires sont appelés à déconstruire toutes ces notions qui ne veulent plus rien dire.La science sociale se doit de définir de quoi procèdent ces changements, d'où cette série de colloques qu'abritent différentes universités du nord et du sud de la Méditerranée sur ce thème», explique Aïssa Kadri, sociologue et enseignant à l'université Paris VIII, qui se dit heureux et ému que l'université d'Alger ait été réceptive à la tenue d'une étape de ce cycle de rencontres à Alger. Pour le sociologue, il est impératif pour les scientifiques de se décentrer de l'actualité afin de saisir quelles sont les causes et raisons de ces changements, qui ne sont pas aussi spontanés qu'ils n'en donnent l'air, mais sont précédés par d'autres moments sociaux. «Il faut sortir du discours politique et idéologique et aller vers la société et voir comment les choses se déroulent réellement», note M. Kadri, en plaidant aussi pour sortir du cadre idéologique unifiant qui tend à faire de l'espace arabe un seul et même bloc, avec un cadre de comparabilité bannissant les différences et les particularités de chaque pays.Les conséquences des événements arabes de ces dernières années sont différenciées d'un pays à l'autre, selon les particularités et spécificités de chaque terrain. Elles ont pris des «formes radicales, débouchant sur des guerres civiles dans certains pays, ou des formes incrustées et répétitives dans d'autres, ou des formes de distanciation, de résistances faites d'engagements ponctuels et de luttes multiformes, statu quo lourd d'implosion», note le préambule du colloque, soulignant que les pouvoirs en place ont organisé les réponses, que sont : la répression, le contrôle policier et sécuritaire, la corruption, l'instrumentalisation et la manipulation des élites et intellectuels, accompagnés de réformes institutionnelles, économiques, politiques et sociales.Si la tendance à l'homologie entre les expériences peut nuire à l'examen des différents moments et événements de ces dernières années, il est par contre opportun de regarder avec attention les expériences de transition réussies survenues dans le monde, notamment les transitions en Espagne et en Pologne évoquées lors de cette conférence. «Ce n'est pas le moment qui est important, mais ce qui s'est produit avant et après. C'est ce que nous enseignent les différentes phases de transition en Espagne, en Italie et même en France après Mai 68. Ce que nous observons aujourd'hui c'est que rien ne change vraiment. Par exemple en Tunisie, les formes sociopolitiques d'avant les événements se trouvent reconduites et c'est cela l'élément de recherche qui semble important à comprendre. On se rend compte que l'on mesure encore mal ce qui se passe dans le sud de la Méditerranée. Les générations actuelles prennent le relais par la critique radicale du passé, mais elles sont aussi le moteur du reflux. Si les élites trouvent leur chemin dans le classement sociétal, ce n'est pas le cas des différentes catégories sociales de base? Dans les pays du Maghreb, on est dans des procédures où la loi est négociée comme moyen de pression, ce qui est l'autre nom de la corruption. C'est tout le concept de l'Etat qui est à reconstruire», estime Gérard Prévost, enseignant-chercheur à l'université Paris VIII.





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