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Un patient meurt faute de place



Un patient meurt faute de place
Nos hôpitaux sont en fait des mouroirs où certains cadres de la santé ne sont pas à leur place.Aborder la question de la santé en Algérie, c'est comme s'enfoncer un scalpel jusqu'aux entrailles. En vérité, c'est peu dire, compte tenu de la cruauté de nos hôpitaux aujourd'hui. Nous avons suivi un malade... gravement malade, dans plusieurs hôpitaux de la capitale, depuis une première douleur jusqu'à ce qu'il rende l'âme. L'histoire qui va suivre est affreuse... mais il faut bien la raconter afin que l'on lève le voile de ces hôpitaux qui ne sont en réalité que des mouroirs. C'est l'histoire d'un père atteint d'une «tumeur», détectée depuis plus de trois mois. Un malade qui a vécu, malgré lui, ses derniers jours avec de plus en plus de souffrances, traîné d'un hôpital à un autre. Mardi 5 août vers 17 h, de graves difficultés respiratoires se manifestèrent, obligeant ses enfants à l'emmener d'urgence à l'hôpital de Kouba, dans la capitale. Reçu après maints palabres, on lui administra, sur chaise relaxante, 120 mg de Solumédrol additionné de sérum salé, puis il fut conduit dans une autre salle pour oxygénation. Deux heures après, son état ne s'est pas amélioré, alors ses enfants ont demandé de l'hospitaliser sur place. La réponse fut cinglante. «Le médecin de garde (une dame), nous a sèchement signifié d'emmener notre père, pourtant inconscient», témoigne Fahima, une de ses deux filles. En rentrant chez eux, les râles du père persistaient et sa tension grimpa à 19/12. «Nous avions appelé le Samu et nous nous sommes rendus à l'hôpital de Béni Messous. Le malade présentait des difficultés respiratoires et les médecins de garde de cet hôpital ne voulaient ni le garder ni même l'ausculter», raconte encore Fahima. C'est grâce à l'intervention du Samu que les services pneumo de Béni Messous le traitèrent et le soulagèrent quelque peu. Revenu encore à la maison vers 6 h, les râles reprirent de plus belle et immédiatement le père fut transféré de nouveau à l'hôpital de Rouiba. Si le malade fut reçu et hospitalisé dans cet hôpital, il s'avère néanmoins que les médecins manquaient cruellement de moyens et encore plus de nébulisateur à oxygène. Laissant leur père dans un état comateux, ses enfants se ruèrent vers les hôpitaux de Z'mirli, Mustapha et Bab El Oued, pourtant mieux équipés, et aucun n'a voulu recevoir le malade car «il est trop malade et qu'il fallait laisser la place aux...moins malades», termes prononcés par des médecins assermentés. Quelques heures plus tard, et dans un ultime râle, le malade décèdera trop prématurément à l'hôpital qui l'a finalement accueilli, mais sans moyens, laissant des représentants de la santé face à leur propre conscience. Enfin, nous concluons comme partout où nous nous sommes rendus que nos hôpitaux sont en fait des mouroirs où certains cadres de la santé ne sont pas à leur place.




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