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Hirokazu Kore-Eda recevant la Palme d'or
Une excellente initiative que l'octroi d'une Palme d'or Spéciale à Jean-Luc Godard, auteur de l'incroyable «Livre des images», une distinction légitime, pour celui dont le nom restera éternellement lié au cinéma.
Elle est arrivée, tout de noir vêtue, avec dans les yeux, cette lueur habituelle, mais qui ne rendait pas à Asia Argento, son regard habituel, mutin et un brin provocateur avec lequel elle s'affichait, dans la plupart des circonstances. Et c'est là qu'on comprend que cet air-là, était jusque-là, son bouclier. Samedi soir, sur la grande scène, étincelante, de l'auditorium Louis Lumière du Palais du festival, à Cannes, l'actrice italienne, avait décidé de se présenter au public venu assister à la cérémonie de clôture, aussi forte qu'une personne, débarrassée du rouge de la honte coupable.
Asia n'a plus peur, le mogul est tombé! Alors, celle qui a été l'une des premières à avoir dénoncé publiquement les agissements du producteur hollywoodien, se présente pour lui donner le coup de grâce, là où il a précisément sévi, à Cannes, sans retenue, aucune fort de cette impunité, que tous ceux qui l'ont approché, plus d'une fois, ont contribué à renforcer.
D'une voix blanche, mais décidée, Asia Argento déclare:
«En 1997, j'ai été violée par Harvey Weinstein, ici à Cannes. J'avais 21 ans. Ce festival était son lieu de chasse. Je fais une prédiction, Harvey Weinstein ne sera jamais plus le bienvenu ici.»... Un silence, puis fixant les hommes parmi les quelque 2 300 invités, l'actrice et réalisatrice ajoute:
«Et même ce soir, assis parmi nous, il y en a certains qui doivent être pointés du doigt à cause de leur comportement envers les femmes, leur comportement indigne à cette industrie. Vous savez qui vous êtes, mais plus important, nous savons qui vous êtes. Nous n'allons pas vous permettre de vivre dans l'impunité.» Cate Blanchett, présidente du jury, a l'émotion au bord des cils. Une fierté se lit chez la star australienne, qui est de tous les combats pour la dignité de l'humain et des femmes en particulier.
La cérémonie peut commencer.
En passant en revue le fil de la soirée, nous relevons une excellente initiative, l'octroi d'une Palme d'or Spéciale, pour Jean-Luc Godard, auteur de l'incroyable «Livre des images». Une distinction légitime, pour celui dont le nom restera éternellement lié au cinéma, aussi bien par ses admirateurs que ses détracteurs. Le reste est à l'avenant, on subodore un verdict a minima, devant les positions bloquées de certains, les partisans d'une Palme d'or à Nadine Labaki («Capharnaüm») et ceux qui penchaient plus pour Spike Lee («Blackkklansman»)...
Mais le fléau de la balance ne pouvant pencher clairement d'un côté ou de l'autre, c'est la régularité qui a été récompensée, en somme, puisque c'est le nippon Kore-Ida Hirozaku qui part avec la Palme vermeille! Le jury aura donc choisi de «palmer» le cinéma, plutôt qu'un sujet. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Certes, il y a des convergences, parfois, avec la consécration de la bouleversante actrice kirghize, Samal Yesl Yamova, pour son incroyable performance dans «Ayka» du Kazakh Sergey Dvortsevoy, déjà remarqué à Cannes, avec «Tulpan» (2008).
Ancien ingénieur radiophonique auprès de la compagnie soviétique «Aeroflot», il était venu au cinéma, par ennui. Formé à l'école du scénario à Moscou, il s'est tôt fait remarquer par ses documentaires de qualité.
À Cannes, avec «Ayaka» il méritait plus, lui qui déclarait il y a quelque temps: «Je ne connaissais rien ni aux films ni aux réalisateurs, mais c'était ma chance: je n'étais pas formaté et j'ai compris rapidement ce que je voulais faire.»
Il y aurait beaucoup à dire sur cette édition qui a été la moins emballante de ces quarante dernières années... Il y a comme une panne, qui nécessite, une révision générale des compartiments essentiels du «bolide» cannois qui pour l'heure semble peiner à rester dans les grands circuits, là où il trônait depuis des décennies...
Le bras de fer avec Netflix et les studios hollywoodiens, qui sont en train de se réorienter vers Venise, Toronto, via Telluride, n'a apparemment pas arrangé les choses... Cannes devrait redevenir cette affaire de famille (du cinéma) pour rester dans l'air du temps (cannois)... Wait and see.
Palmarès du 71e Festival de Cannes:
Palme d'or: «Une affaire de famille» de Hirokazu Kore-Eda
Grand Prix: «BlacKkKlansman» de Spike Lee
Prix du jury: «Capharnaüm» de Nadine Labaki.
Palme d'or spéciale: Jean-Luc Godard
Prix de la mise en scène: Pawel Pawlikowski pour «Cold War»
Prix du scénario: ex æquo: - Alice Rohrwacher pour «Lazzaro Felice» - Jafar Panahi et Nader Saeivar pour «Trois visages»
Prix d'interprétation féminine: Samal Esljamova dans «Ayka»
Prix d'interprétation masculine: Marcello Fonte dans «Dogman»
Camera d'Or: «Girl» de Lukas Dhont
Palme d'Or du court-métrage: «All These Creatures» de Charles Williams
Mention spéciale du court-métrage: «Yan Bian Shao Nian» de Wei Shujun


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