Algérie

Un nouveau scandale financier éclabousse les institutions publiques



L’affaire Tonic ou le syndrome Khalifa ? Abdelghani Djerrar, le patron de la Sarl Tonic Emballage, a été arrêté jeudi dernier à son domicile à El-Biar et incarcéré à la prison de Serkadji. Selon les employés de cette entreprise, cette décision prise par le parquet d’Alger intervient quelques heures seulement après que le patron de Tonic emballage ait trouvé un «accord» pour le remboursement de ses crédits à la Banque algérienne de développement rural (BADR). La genèse de cette affaire remonte en fait à septembre 2005, à l’arrivée d’un nouveau P-dg à la tête de la banque publique BADR. Cette nomination allait très vite sonner le glas pour ‘Tonic emballage’ sommée, dès lors, de rembourser, illico presto, les dettes arrivées à échéance. Dans l’impossibilité d’honorer ses engagements, Abdelghani Djerar est alors poursuivi en justice et mis aussitôt sous contrôle judiciaire en même temps que trois cadres de la BADR dont l’ex-Pdg M. Bouyacoub. Ces derniers seront poursuivis pour dilapidation de deniers publics et octroi de prêts bancaires sans garanties suffisantes. Le total des crédits octroyés par la BADR à Tonic Emballage à cette date s’élevait déjà à la somme astronomique de 6.550 milliards de centimes. Dans cette affaire, il était notamment reproché à l’ancien P-dg de la BADR d’avoir accordé ces prêts sans commune mesure avec la valeur réelle des garanties présentées par Tonic Emballage. La décision prise par le nouveau P-dg de la BADR d’arrêter de financer les activités de «Tonic Emballage» et d’exiger le recouvrement immédiat de ses créances était justifiée par les retards cumulés dans le remboursement des échéances du crédit. De plus, les sommes prêtées dépassaient 25% de fonds propres de la banque, ce qui était contraire aux règles prudentielles. Pour se conformer à la réglementation, la BADR avait dû, à l’époque, augmenter son capital social et même partager le risque encouru avec une autre banque publique, en l’occurrence la CNEP. Pour se défendre, le patron de Tonic Emballage a déclaré être encore «bancable» et prêt à rembourser l’ensemble des dettes contractées. Il estime que les retards de paiement constatés étaient dus à un «télescopage des échéances». En réalité et selon certaines indiscrétions, c’était surtout la destination finale de ces crédits qui semble poser problème. En effet, Abdelghani Djerrar aurait acquis, ainsi, grâce à ses crédits non seulement de nombreux biens immobiliers, mais également plusieurs véhicules de luxe comme par exemple la prestigieuse voiture japonaise Lexus. Comme Moumène Khalifa, Djerar aimerait, lui aussi, faire le mécène et le super patriote. Il n’y a qu’à rappeler, en effet, l’inauguration de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» qui avait vu alors les camions de Tonic Emballage défiler dans les rues d’Alger avec son logo bien mis en évidence. Sur un autre plan, il y a lieu de signaler que la mauvaise gestion des institutions financières publiques a causé, jusque-là, un préjudice financier énorme au Trésor public: plusieurs dizaines de milliards de dollars compensés dans le cadre de «l’assainissement des finances du secteur public». Les milliers de jeunes Algériens qui veulent en finir avec le chômage en créant leurs micro-entreprises pourront apprécier, eux, dont les dossiers de financement exigés dans le cadre du dispositif de l’ANSEJ se trouvent toujours bloqués au niveau des banques pour... insuffisance de garanties. Tonic Emballage donne l’air de déjà vu et les plus avertis n’hésitent plus à parler d’une affaire Khalifa bis. Qui est derrière cette entreprise et qui peut bien se cacher derrière Abdelghani Djerrar? Une question à laquelle il sera bien difficile de trouver une réponse. Officiellement, bien sûr. Quoiqu’il en soit, en cette veille d’élections législatives, ce nouveau scandale (un de plus!) vient renseigner davantage sur les mœurs délétères du sérail. «Bref, rien d’encourageant pour amener le citoyen à aller voter!», dira l’autre...



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