Algérie

Un nouveau fichier national des familles démunies



Un nouveau fichier national des familles démunies
A peine a-t-elle pris ses fonctions, il y a trois mois, en tant que présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Mme Saïda Benhabylès a apporté de nombreux changements dans le fonctionnement de cette organisation, notamment en matière de distribution des aides de l'Etat.Ainsi, elle a bousculé l'administration en annonçant qu'elle remettait en cause les fameuses listes des familles démunies élaborées par les maires. «Je ne les ai pas rejetées juste parce qu'elles ont été établies par les présidents d'APC, mais parce qu'à la base, le choix de ces familles était biaisé. Pour être sur cette liste, il suffit, pour l'APC, que le concerné ne soit pas inscrit sur le fichier des assurés sociaux. Savez-vous combien d'Algériens ne sont pas déclarés à la sécurité sociale ' Il fallait remettre de l'ordre et revenir au travail de proximité pour élaborer un fichier national des familles démunies.Mais en attendant, nous avons des volontaires ainsi que des écoles et des mosquées dans les régions les plus reculées du pays qui peuvent être utilisés comme moyens pour recenser les familles qui ont besoin d'être aidées. J'ai aussi refusé cette idée de couffin du Ramadhan, lorsque l'on sait que dans ce couffin, vous pouvez avoir du thon, du maïs, ou du cachire que vous donnez à des familles du Sud, par exemple, ou d'un village dans un coin perdu du pays, qui ont d'autres habitudes alimentaires. J'estime qu'il est important de préserver la dignité des personnes. Je préfère donner une somme d'argent à une famille qui l'utilisera selon ses besoins et ses priorités. Un donateur m'a proposé de remettre à 4000 familles un chèque de 7000 DA. Vous vous imaginez ce que représente cette somme pour une famille d'un village comme Beni Bouatab, l'un des plus pauvres du pays ' Vous savez, lorsque nous avons remis ce montant à une vieille femme rurale, elle était tellement heureuse qu'elle a acheté tout ce dont elle avait besoin et offert même une petite partie à une de ses voisines?», lance Mme Benhabylès.Elle veut une véritable révolution, pour permettre au CRA de s'ouvrir à toute la société. «Nous avons besoin de tous ceux qui sont imprégnés des valeurs humanitaires et de justice sociale. Tout le monde peut être volontaire au sein du CRA, alors pourquoi ne pas faire de cette organisation la plus forte et la plus présente sur le terrain ' Il y a des donateurs assez nombreux qui sont prêts à aider, mais pour peu que leur aide arrive à la bonne personne. Je viens de recevoir un courrier d'une compagnie d'assurance française, qui m'informe qu'une Algérienne vivant en France avait légué, par testament, toute son assurance-vie au CRA. Tout comme cette femme, un jeune m'a remis un chèque de 2500 DA pour, m'a-t-il dit, contribuer à notre action humanitaire. Pour moi, ce sont deux gestes exemplaires qui incitent à redynamiser la culture de la solidarité et à accompagner la confiance des donateurs», souligne Mme Benhabylès. Les missions du CRA ne se limitent pas, dit-elle, uniquement aux populations déplacées et aux démunis.Avoir plus de sponsorsIl y a aussi notre communauté en situation de difficulté qui réside à Gafsa et à El Kef, en Tunisie, qui vient de bénéficier d'une aide assez conséquente, mais aussi l'acheminement de denrées alimentaires pour les populations de Kidal et de Gao, au nord du Mali. «De plus, nous avons la prise en charge des déplacés subsahariens et syriens, qui n'ont pas le statut de réfugiés pour pouvoir bénéficier de l'aide du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Ce sont des personnes qui ont été déplacées en raison d'une guerre ou d'un conflit armé dans leur pays. Elles ont leurs papiers et restent sous la responsabilité du pays d'accueil, jusqu'à ce que les conditions de leur retour soient favorables. Les réfugiés politiques, par contre, ont fui leur pays, parce que menacés par leur gouvernement et de ce fait, ils restent sous la responsabilité du HCR, qui leur assure de nouveaux papiers et ne peuvent retourner chez eux, sous peine de perdre les privilèges liés à leur statut.»La présidente du CRA affirme que parmi ses priorités, il y a la modernisation de la gestion des stocks et son informatisation et la signature de conventions avec des sponsors, comme les opérateurs de téléphonie mobile, pour financer quelques opérations humanitaires.A ce titre, elle rappelle la prochaine acquisition de trois cliniques mobiles, grâce à Ooredoo et à la fondation qui porte le nom du footballeur argentin, Lionel Messi.Son souhait est «de revenir à la vente de timbres du CRA dans les écoles, comme cela se faisait avant. Non pas pour l'argent, mais pour inculquer aux enfants la culture de la solidarité et de l'humanisme. Nous voudrions aussi créer un club des volontaires du CRA, composé d'avocats, juristes, journalistes, médecins, enseignants, professeurs d'université, etc. pour élargir la famille des volontaires à l'élite également». Mais toutes ces actions très prometteuses ne peuvent trouver preneurs qu'une fois la situation du CRA assainie. Il faut dire que le Croissant-Rouge a vécu plus d'une décennie de désordre et? d'ordres venus d'en haut, notamment durant la période où l'ex-ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, l'avait mis sous la coupe de son département, pour l'utiliser à des fins politico-personnelles. Peut-on espérer cette révolution dont parle la nouvelle directrice ' Le temps nous le dira?


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)