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Un mois sacré à deux vitesses




Un mois sacré à deux vitesses
Le Ramadhan qui est par tradition le mois de la générosité, de la piété et de la solidarité joue aussi ce rôle de baromètre qui permet de mesurer le niveau des inégalités sociales.Le ministère de la Solidarité, le Croissant-Rouge algérien, les associations caritatives, lesinitiatives privées redoublent de générosité pour atténuer un tant soit peu les souffrances de ceux que le destin a laissés sur le bord de la route et de ceux qui n'ont pas les moyens pour faire face aux dépenses qui caractérisent le mois du jeûne.La consommation est effrénée pour ceux qui peuvent se permettre des comportements ostentatoires. Comme pour se distinguer des autres. De ceux qui attendent le couffin du Ramadhan. Une opération ancrée dans la gestion du phénomène de pauvreté par les pouvoirs publics que l'on a décidé de convertir cette année en un chèque d'une valeur de 4500 DA. Soit 150 dinars par jour pendant un mois. Quand un kilo de viande vaut 1300 DA et celui du poulet 300 DA... Faites vos comptes! Cela ne doit pas mener bien loin! Même en ayant recours aux 3000 tonnes de viande congelée importée, les prix demeurent inaccessibles. Peu importe donc le procédé.Le constat demeure le même. Les catégories sociales considérées comme les moins fragiles ne sont pas non plus épargnées. Pour la simple raison que la flambée des prix a été aussi féroce en 2014 que par les années précédentes pour la majorité des Algériens. Assez en tout cas pour laminer le pouvoir d'achat des salariés et des retraités qui perçoivent le Snmg (Salaire minimum) qui est de 18.000 dinars ainsi que celui des classes dites moyennes.D'après des statistiques de la Fntr (La Fédération nationale des travailleurs retraités) plus d'un million de ses membres touchaient moins de 10.000 DA en 2010. Une catégorie de la population des plus vulnérables à laquelle on peut ajouter les 1,6 million de familles qui ont bénéficié du couffin du Ramadhan en 2014 dans le cadre de la campagne de solidarité menée par les pouvoirs publics.Les restaurants de la rahma qui se comptent par centaines à travers l'ensemble du territoire national viennent renforcer le dispositif de solidarité qui fonctionne depuis quelques années maintenant.Pour que le plus grand nombre puisse avoir accès à l'incontournable chorba à défaut d'être servie pour tous. Une autre manière pour l'Algérie de compter ses pauvres. Leur nombre est en constante progression.Pour avoir un ordre d'idées, plus de 540.000 familles jugées dans un état de pauvreté extrême ont grossi en 2011 les rangs de la frange de la population qui doit compter sur l'aide de l'Etat pour survivre. Elles avaient bénéficié de deux couffins au lieu d'un. «Cette opération de solidarité concerne 1435 304 familles nécessiteuses, dont 384.162 familles nombreuses démunies qui bénéficient cette année de deux couffins au lieu d'un seul.L'opération touche également 156.024 personnes aux besoins spécifiques», avait indiqué dans un communiqué la Commission nationale chargée de la préparation du mois de Ramadhan.Les restaurants de la rahma ouverts par le ministère de la Solidarité qui étaient de 691 à cette époque sont passés à près de 800 en 2014. Près d'un million et demi de ménages, soit environ 9 millions d'Algériens (si l'on considère qu'un foyer est constitué de 6 membres en moyenne), ont bénéficié de la «générosité» des pouvoirs publics pour pouvoir affronter le mois de Ramadhan de l'année 2011.Ils ont été au moins aussi nombreux en 2012. Selon les statistiques officielles, ces chiffres auraient progressé d'au moins 100.000 cette année. Un constat qui indique qu'un Ramadhan à deux vitesses s'est durablement installé au sein de la société. Alors qu'une paupérisation rampante est en marche...







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