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«Un métier à part entière et transgénérationnel»



«Un métier à part entière et transgénérationnel»
Avec la vague actuelle des soins palliatifs, la médecine traditionnelle trouve toute sa légitimité, prouvant chaque jour depuis des siècles son efficacité pour traiter certains maux et pathologies courants.Et à N'gouça, daïra située à 30 km du chef-lieu de la wilaya de Ouargla, on ne jure que par Ma Djelloula, une guérisseuse hors pair prodiguant des soins très appréciés par les habitants qui continuent à aller la voir pour demander conseil ou traiter un mal tenace.Nous l'avons rencontrée chez elle, accompagnée de son fils Mansour, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. 61 ans, très réservée, elle s'est abstenue de publier sa photo. Comment en êtes-vous venue à ce métier ' En est-il un 'Guérisseuse traditionnelle ' Evidemment que c'est un métier à part entière. C'est une pratique très répandue dans notre société, surtout dans les régions enclavées où ne peut compter que sur soi et sur ce que nous offre la nature pour traiter nos maux et nos maladies. Je dirais même que c'est un métier qui se transmet de génération en génération ; ma mère, ma grande-mère et mon arrière-grand-mère, mes tantes aussi étaient guérisseuses. Toute petite, c'est ma mère, alors guérisseuse de renom, qui m'a transmis cette passion, ses techniques, son savoir-faire avec évidemment le don qui coule dans les veines de ma famille, qui est le don divin de la guérison. J'ai vu ma mère exercer, guérir et donner de l'espoir et j'ai décidé d'accéder au rang des guérisseuse il y a 40 ans. Qui sont vos patients 'Essentiellement les femmes et les enfants. On vient à moi ou je me déplace pour soigner certains cas sensibles quand les patients ne peuvent pas faire le déplacement dans tous les villages alentour, mais aussi à Ouargla ou Hassi Messaoud. Je me rends régulièrement à Illizi où ma fille est installée et où on commence a bien me connaître. Il m'arrive d'y rester un mois entier pour prodiguer mes soins.. Quelles sont les maladies que vous traitez le plus 'Je traite particulièrement les maladies de la femme, les parturientes, celles qui n'arrivent pas à enfanter, les problèmes de fécondité, les fausses couches répétitives, les problèmes liés à la grossesse, notamment la position du f?tus, du dos et du bassin.Mais, généralement, mes soins s'étendent à tous les problèmes de santé, allant des simples bobos légers, comme les migraines, les problèmes de digestion, les ballonnements, où encore les blessures, mais aussi les problèmes les plus délicats, à l'instar des hernies discales, du nerf sciatique, diabète, rhumatismes, ou encore la tension pour laquelle mes traitements sont très limités, en passant par le traitement des entorses, des luxations et des fractures. Quels sont les types de soins que vous dispensez 'Ma première méthode est la prescription de cures à base de produits naturels, herbes, huiles essentielles et graisses. Ce sont des produits locaux que je me procure en herboristerie comme l'huile d'olive, El Guertoufa, Chih, Erg Essous. Je recommande à mes malades de suivre mes prescriptions et d'éviter les surdosages.La seconde méthode englobe les massages, les frottements et les manipulations manuelles ; je peux aussi pratiquer l'enfouissement dans le sable pour les rhumatismes, ou je préconise des bains à base de plantes médicinales et de vapeur. Le développement des structures sanitaires dans la région n'a pas eu des répercussions sur votre activité...Pas du tout, la médecine traditionnelle complète la médecine moderne. Elle peut aider là où des solutions n'ont pas été trouvées ; d'ailleurs, on vient de faire appel à mes services devant le cas critique d'une femme qui s'apprêtait à accoucher et pour laquelle mes conseils ont été des plus réconfortants, autant pour la patiente que pour le personnel médical.Il y a les habitués qui continuent à se soigner chez moi, et il y a les déçus de la médecine moderne qui trouvent des solutions dans la naturopathie et il y a aussi des gens qui découvrent la médecine traditionnelle parce qu'il y a un retour à la nature, à l'alimentation saine, à l'usage des herbes aromatiques et autres produits du terroir dans la vie de tous les jours.Comment percevez-vous l'avenir de cette pratique ancestrale 'Je suis persuadée que la médecine traditionnelle a de beaux jours devant elle et qu'elle gagnerait à être connue et valorisée pour profiter de ses bienfaits. Je suis loin d'être la seule à le penser, ni la seule à le pratiquer. Je peux vous citer les noms de plusieurs autres guérisseuses comme Khalti Nouia, Khalti Mellala, Ma Djemaâ, ou encore Amti M'barka, qui exercent ce métier depuis plusieurs années, et comme moi elles sont en train de transmettre leur savoir-faire aux générations futures pour faire perdurer cette pratique.Ma propre fille et ma nièce sont mes principales disciples et je ne ménage aucun effort pour leur apprendre les secrets du métier et quoiqu'elles soient encore réticentes à entrer en pratique, je suis confiante car c'est avant tout un don divin, d'où l'absence d'une rémunération entendue pour nos prestations qui sont tributaires de la seule satisfaction du patient.Ma mère m'avait fait faire le serment de ne jamais demander de l'argent ou quoi que ce soit contre les soins que je dispensais afin que les malades puissent jouir de toutes les vertus de nos soins.


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