Algérie

Un médiateur partial



Peter Van Walsum, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, est sorti ouvertement de la réserve liée à son rôle de médiateur en déclarant que l'indépendance du Sahara Occidental n'était pas une «option réaliste» et que le Polisario devrait y renoncer. Ce point de vue « personnel » est conforme aux positions des Etats occidentaux favorables au Maroc, mais le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU n'a pas vocation à exprimer un parti pris aussi flagrant. Comment peut-il jouer au médiateur dans cette affaire s'il devient, de facto, un défenseur des thèses marocaines au détriment des Sahraouis ? Faut-il y voir un partage des rôles avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dont le rapport, soumis au Conseil de sécurité, est demeuré dans la trame classique de l'équilibre en appelant les deux parties à poursuivre les négociations sous l'égide de l'ONU «pour tenter de trouver une solution de consensus» ?  Si Ban Ki-moon fait dans l'équilibrisme pour exprimer une opinion consensuelle, Wan Walsum, lui, parle comme le ferait un ministre marocain. Dans son avis « personnel», opportunément médiatisé, il n'a aucune demande à faire aux Marocains, mais il demande au Polisario de renoncer à l'option d'indépendance. Le tout sous couvert de propos faussement larmoyants pour les pauvres Sahraouis qui souffrent dans les camps. Selon lui, ce sont les partisans du Polisario qui favorisent le «statu quo» et non le fait que des résolutions claires de l'ONU sur l'autodétermination des Sahraouis n'arrivent pas à s'appliquer. Depuis des décennies, la stratégie des Occidentaux consiste à empêcher toute mise en oeuvre effective du référendum en assurant une couverture diplomatique au Maroc pour perpétuer le statu quo et consacrer le fait accompli. La manière dont la mise en oeuvre du Plan Baker a été bloquée le montre bien. Peter Van Walsum n'invente rien. Les capitales occidentales défendent de manière soutenue le plan d'autonomie marocain et appellent les Sahraouis à être «réalistes». Les discussions qui se mènent à New York n'ont qu'une seule finalité: amener les Sahraouis à renoncer et à considérer que le référendum d'où est exclue l'option de l'indépendance serait un exercice effectif du principe de l'autodétermination affirmé par les résolutions de l'ONU. Les raisons des Etats occidentaux sont connues: une indépendance du Sahara Occidental leur pose problème car elle serait «déstabilisatrice» pour le régime marocain. Ces positions ne se réfèrent pas aux principes, mais à celui de l'intérêt. C'est la règle du comportement des Etats. Mais s'il est compréhensible que Paris ou Washington défendent ouvertement la position marocaine, elle ne l'est absolument pas pour le représentant personnel du secrétaire général. D'un point de vue purement technique, en étant aussi ouvertement partial, Peter Van Walsum a failli à sa mission. Il n'est plus un médiateur. Il pose un problème à l'ONU. Rien n'est plus irréaliste qu'un médiateur partial.
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