Algérie - Revue de Presse

Le retrait israélien de la bande de Ghaza, qui entrera demain dans sa phase d?application sur le terrain, lorsque les soldats israéliens commenceront à évacuer de force les colons qui refusent de quitter les lieux de leur plein gré, ne suscite finalement pas de grandes manifestations de joie parmi les citoyens palestiniens. Un jour avant la date fatidique du 17 août, annoncé comme le jour qui marquera le début de ce retrait historique, du fait qu?il est le premier de son genre depuis 38 ans d?occupation, rares sont ceux qui en parlent. Les citoyens s?adonnent à leurs occupations quotidiennes comme si rien n?allait changer. Les marchés palestiniens ont commencé à grouiller de monde en prévision de la rentrée scolaire, prévue pour le 1er septembre. Cet événement est une source de tracas financiers pour une grande partie des familles palestiniennes où sévit un taux important de chômage. El Watan s?est approché de quelques citoyens palestiniens et leur a donné la parole. Oussama Yaghi, la trentaine, possédant un magasin de prêt-à-porter sur la rue Omar El Mokhtar, au centre-ville de Ghaza, nous a affirmé : « Je mentirais si je vous disais que je ne suis pas content du départ des Israéliens de la bande de Ghaza, mais je mentirais aussi si je vous disais que je suis pleinement satisfait de ce qui se passe. Pour le moment, à part le départ des colons et des soldats israéliens, rien n?est sûr. Que va-t-il se passer dans le prochain avenir. Y aura-t-il un suivi ou vont-ils nous enfermer comme des bêtes dans ce minuscule territoire qui dans quelques années risque de ne pas satisfaire notre démographie galopante. Mon père et mon grand-père sont des réfugiés. Nous avons toujours rêvé de pouvoir rentrer un jour à Masmia, notre village d?origine qui n?est distant de Ghaza que de quelques kilomètres. Faut-il qu?on efface ce rêve de notre mémoire ? Si Ghaza est le prix qu?on nous paye pour nous faire oublier le reste de nos terres ainsi que la ville d?Al Qods, eh bien, je ne suis pas prenant. Alors, pensez-vous qu?il y a de quoi pavoiser aujourd?hui ? » Mhamad Halaoua, un homme de 42 ans, marchand de légumes à souk Frasse, toujours au centre-ville, nous a dit : « Cela fait 38 ans qu?ils occupent Ghaza, ils ont volé toutes nos ressources, utilisé nos meilleures terres, volé notre eau, tué des milliers d?entre nous, dont mon fils Aaouad tombé en martyr au cours de l?une de leurs incursions au quartier de Chedjaiya l?an passé. En plus des morts, combien de personnes sont devenues handicapées ? Des milliers, les maisons détruites, les terres saccagées, etc. Ils partent après avoir fait installer parmi nous la tristesse, la pauvreté, le chômage. Je suis content, mais cela ne me suffit pas. Nous n?avons pas fait tous ces sacrifices pour Ghaza seulement. » Oum Ramy, une Palestinienne de 50 ans qui faisait le marché, nous a déclaré : « Je n?arrive pas à croire qu?ils vont partir définitivement de Ghaza. Les deux intifadhas successives ont été très dures. Un de mes fils est prisonnier depuis la première Intifadha. Il purge une peine de prison à vie. Des milliers de jeunes sont dans les prisons israéliennes. Quel sera leur devenir ? Quand pourrons-nous les revoir ? Sharon veut partir de lui-même, ce n?est pas une véritable paix. Où sont nos droits fondamentaux ? Et la ville sainte, faut-il l?oublier ? Croyez-moi, on a tellement fait de sacrifices que la soi-disante libération de Ghaza ne peut nous suffire. Je prie Dieu afin que ce soit une première étape comme on veut nous le faire croire, mais qui peut nous le garantir ? A vrai dire, je suis pessimiste. » En résumé, les Palestiniens sont contents du retrait israélien, mais ont des craintes légitimes quant à la suite du processus de paix. Ils sont unanimes à penser que la libération de Ghaza seule ne peut satisfaire leurs prétentions en un pays souverain et indépendant sur l?ensemble des territoires occupés en 1967 avec Al Qods comme capitale .
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