Algérie

Un lieu chargé d'histoire


Un lieu chargé d'histoire
Assister à une conférence, lorsque cela se passait à la célèbre salle des actes, était devenu monnaie courante et une passion pour un public motivé ou attiré par des thèmes de prédilection. Et les spécialistes en la matière faisaient du mieux qu'ils pouvaient pour répondre à l'attente de chacun.
On se souvient bien de la fréquence des conférences dans les premières décennies de la période post-indépendance et du monde de plus en plus nombreux à être intéressé par ce genre de rencontres. Faire venir des hommes ou des femmes d'ici ou d'ailleurs qui se sont distingués par leurs publications internationales, leurs travaux de recherche et leurs ouvrages susceptibles d'apporter un plus de connaissances ou de faire avancer les sciences, ainsi que les genres littéraires est de nature à rendre sensibles à la compétition les nationaux en les incitant à se rendre jaloux de leur indépendance sur tous les plans, à travailler pour participer à cette grande 'uvre mondiale préparant aux défis du 21e siècle. Ce dont quelques-uns se rappellent L'idée d'écrire sur les activités culturelles au sein de cette salle est venue à l'occasion d'une discussion entre collègues chargés de surveiller un examen universitaire. Lorsqu'on y est, on ne peut s'empêcher de se remémorer les conférences données là au profit de tous les publics. On a l'impression de voir encore en train de parler des hommes et des femmes professeurs assis sur leur podium des années soixante et soixante-dix pour traiter de sujets divers. On n'est pas près d'oublier la conférence de Kateb vers l'automne de l'année 1975, sur le théâtre algérien renaissant sous sa plume. Kateb a été une référence pour les connaisseurs et il le sera pendant des siècles, en tant qu'Algérien attaché à ses origines et au patrimoine ancestral, surtout en sa qualité d'écrivain extrêmement doué par son style original souvent indécryptable, son esprit de créativité, sa capacité à donner la réplique cinglante à toute question, ses dons indiscutables à la poésie qu'ainsi qu'à la dramaturgie. Chez Kateb, on a du mal à tracer une frontière entre roman, théâtre, poésie. Sa prose est aussi de la poésie dont le contenu reste encore à déchiffrer. On ne connaît pas bien Kateb, malgré des travaux de recherche consacrés à ses 'uvres par bien des spécialistes ; il restera un éternel incompris. Il en a donné la démonstration le jour de cette conférence au cours de laquelle il avait dit avec insistance que le théâtre s'adressait au peuple et qu'il devait être joué sur la place publique dans la langue de ce peuple, si on voulait que ce genre ait un impact culturel et psychologique sur le public des spectateurs en tant que thérapie et catharsis. Pour être plus convainquant, il avait fait jouer avec lui-même comme acteur une pièce théâtrale avec la troupe de Bel Abbès qu'il dirigeait ; c'était une séquence chantée en ch'ur par l'ensemble des acteurs comme dans le théâtre de Sophocle ou de Brecht. On aurait voulu les réentendre. Autre conférence importante, celle de Mouloud Mammeri qui était venu parler de la littérature algérienne d'avant et de cette période cruciale des écrivains algériens. Parmi ceux qui ont raconté ce qui s'était dit, il y en a qui ne sont pas près d'oublier l'aisance de cet homme dans la langue de Molière qui pourtant n'était pas sa langue maternelle. Il en est de même de Med Dib qui avait la maîtrise du français au point de mériter largement le prix Nobel de littérature. Au lendemain de l'indépendance, Mammeri avait donné une conférence remarquable sur Ibn Khaldoun. C'était merveilleux de l'entendre clairement sur l''uvre immense du père de la sociologie, de sa vie bien remplie. Malek Haddad, homme de plume de grand talent, président de l'Association des écrivains algériens, a dû passer par la salle des actes mais la mort ne lui a pas donné le temps de continuer à produire des 'uvres écrivain hors du commun. On se rappelle bien aussi de Roger Garandy, philosophe, paraît-il converti à l'Islam. On a dit de lui qu'il avait épousé une Palestinienne. Ses conférences à la salle des actes ont été d'un grand profit. Et parmi d'autres personnalités invitées par l'Algérie, il y avait Miaharet, figure de proue de la pédagogie moderne. On l'avait fait venir auprès des enseignants algériens qui avaient grand besoin d'apprendre. Malheureusement, bien des nationaux n'avaient pas pu s'y rendre par manque de moyens et d'informations. Ceux qu'on n'a pas eu le plaisir d'entendre souvent La salle des actes est toujours à sa place mais présentement elle sert beaucoup plus de salle de cours pour les instituts universitaires. C'est pourquoi elle a fait l'objet de travaux de réaménagement et c'est tant mieux, car elle aurait pu subir le sort des salles livrées à l'abandon, faute d'activités culturelles. Depuis que l'université a formé des milliers de docteurs ayant le titre de professeur ou de maître de conférences, il n'y a plus de conférences. Avant que n'aient disparu les conférences, Mustapha Lacheref, Koriba Nabhani, hommes de culture de haut niveau, d'expression arabophone et francophone, faisaient partie des vivants jusque dans les années quatre-vingt-dix. Le contexte des décennies gâchées, surtout les décennies noires, ne leur a pas donné l'opportunité de parler utilement à la salle des actes ou ailleurs pour instruire, construire un avenir, apporter à ceux qui en avaient besoin de quoi étancher leur soif de culture algérienne et universelle. «J'ai eu la chance d'avoir comme professeur de philosophie», dit un participant à la discussion. «Il avait l'art de bien parler en arabe et en français sur tous les écrivains, les philosophes du monde et de tous les temps, ça sortait de lui comme de source abondante ».On aurait pu ajouter Abdelkader Djeghbal, ainsi que le grand arabisant et polyglotte Arkoun. Ils sont partis maintenant et quel profit a-t-on tiré d'eux '


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