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Un intellectuel authentique


Un intellectuel authentique
Il est des vies exemplaires. Des êtres malmenés par l'histoire, mais qui réussissent à se construire, à se libérer peu à peu des illusions et des mensonges que leur société entretient et qui n'hésitent pas, malgré l'hostilité qu'ils provoquent et les menaces qu'ils subissent, à tenir un discours de vérité.C'est le cas, par exemple, de Zeev Sternhell, un historien israélien qui, dans un livre passionnant qu'on lit comme un roman, s'entretient avec un journaliste français, Nicolas Weill, et raconte comment il a réussi à faire peau neuve et à se libérer de l'idéologie sioniste .Né en 1935 à Przemysl (Pologne) dans une famille de la grande bourgeoisie juive, il a 4 ans quand éclate la Seconde Guerre mondiale et quand commence, pour lui, une vie itinérante : repli sur un ghetto, installation à Lvov, séjour de quatre ans à Avignon, où vit une parente de sa mère et où s'affermit sa conscience politique. «En France, j'ai fait l'expérience de la laïcité que j'ai trouvée formidable.Un lycée où personne ne sait de quelle confession est son voisin ! Un problème dont on ne parle pas, puisque ça n'intéresse personne ! C'était pour moi extraordinaire !» Etudes à Sciences-po Paris, puis en Israël. Où il termine son cursus universitaire, enseigne l'histoire, écrit et publie des ouvrages qui, souvent, font scandale.Israël, estime-t-il, est «l'une des sociétés les plus inégalitaires du monde occidental», ségrégationniste et colonisatrice. Une société où la gauche, comme dans bien d'autres pays, a trahi ses idéaux. Lors d'une réunion du comité central du Parti travailliste, dont il est membre, il déclare, face à Golda Meir et Shimon Peres : «Nos droits sur cette terre ne diffèrent pas de ceux des Palestiniens? Les Palestiniens possèdent les mêmes droits que nous.»Jugeant que «la colonisation est le plus grand désastre de l'histoire du sionisme», partisan de la création d'un Etat palestinien «viable», estimant qu'Israël doit devenir un Etat laïque et assurer aux minorités arabes l'égalité absolue, Zeev Sternhell est resté fidèle aux idéaux de gauche de sa jeunesse. «J'ai toujours été de gauche, je n'ai pas changé.J'ai toujours été pour la laïcité et toujours eu horreur des bigots. J'ai toujours été pour les droits de l'homme, pour la Révolution française et la Commune, pour le peuple et les petites gens qui travaillent dur pour vivre.»A une époque où les discours de haine se font plus que jamais entendre et où le fanatisme embrase tant d'esprits, tel celui, par exemple, d'un Alain Finkielkraut, qui a fait de l'islamophobie son fonds de commerce, il est réconfortant de rencontrer des esprits libres et, le temps d'une lecture, de les écouter nous tenir un discours de raison et de paix. 1) Histoire et Lumières, Changerle monde par la raison, Ed. AlbinMichel, 2014.




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