Algérie

Un festival international Sud/Nord du cinéma en projet


«Biennale de la Mekerra» à Sidi Bel-Abbès «Biennale de la Mekerra», c’est l’intitulé d’un projet de festival international cinématographique que se propose de mettre sur pied un groupe de professionnels du cinéma installés en Europe. Le dossier, qui a été finalisé dans ses moindres détails, sera soumis prochainement à l’appréciation des autorités locales et du ministère de la culture pour en assurer éventuellement la couverture financière. Un festival du Tiers-monde de plus? Les initiateurs du projet écartent une vision aussi réductrice, faisant remarquer à ce propos que «Â le futur festival se veut d’abord comme l’expression cinématographique d’une manifestation artistique au service d’un humanisme universel, ouverte à tous les créateurs et tous les genres, au-delà de tous clivages politiques et culturels... Elle n’en a pas moins l’ambition, précise-t-on encore, d’inverser le cours des représentations habituelles, celles d’un ‘Nord’ accueillant parcimonieusement une production du ‘Sud’ sélectionnée, celles d’un ‘Sud’ se retrouvant entre intimes pour célébrer la créativité de sa production... et constater la discrétion de sa diffusion… Comme elle prétend également pouvoir traduire et transposer économiquement (et au-delà des impacts locaux) cette relation artistique partenariale. Un festival au Sud avec le Nord est donc l’affirmation d’une complémentarité et non celle d’un antagonisme, qui met équitablement en jeu des potentialités respectives : l’originalité et le réservoir artistique de l’un, l’antériorité, le professionnalisme et la dimension économique de l’autre (…) La biennale s’évertuera pour ainsi dire à rapprocher des cinémas sans les assimiler, cherchera à les intégrer sans les accaparer. Dans un monde perturbé et belliqueux, la culture et donc le septième art, se doivent plus que jamais, avec les moyens qui leur sont propres, de porter l’équité, la compréhension, l’échange et le rapprochement entre les peuples… et faire en sorte que les termes de l’échange ne reproduiraient pas une fois de plus des schémas de domination. » Pour Kader Kada B., acteur de cinéma professionnel en France, et néanmoins incontournable cheville ouvrière dans la concrétisation du projet, le festival en question est porteur d’une intention artistique, celle de se revendiquer avant tout comme «un espace permettant l’expression et la visibilité internationale d’un cinéma d’auteurs, qu’il soit de moeurs, d’expression sociale ou politique, de pure fiction, émanant de jeunes créateurs ou de réalisateurs accomplis, nationalement au régionalement reconnus, n’ayant pu trouver d’expression et de reconnaissance internationale à l’heure de la mondialisation. Un festival nouveau, accueillant donc tous les contenus et tous les genres, et dont la caractéristique essentielle sera la volonté du cinéma du sud de s’ouvrir au nord en lui offrant une représentation de sa création cinématographique n’a plus élargie et de plus riche. » Pourquoi le choix de notre pays et de la ville de Sidi Bel-Abbès pour abriter une rencontre cinématographique de cette envergure, notre interlocuteur tiendra à souligner qu’il n’existe pas, actuellement en Algérie, de festival international de cinéma. Même si le septième art, dira-t-il, a déjà susciter localement plus d’une initiative dans le genre, à l’exemple du festival de Annaba, ces tentatives ne furent hélas pas soutenues. Ce fut le lot du festival de Timimoun dirigé par Mohamed Chouikh, puis du collectif «Kaïna cinéma» à Bejaia, de dimension essentiellement locale… Louables et salutaires à plus d’un titre, ces expériences se heurtèrent à des difficultés de tous ordres. Pourtant, l’Algérie est en mesure de se doter d’un festival international du cinéma. C’est pourquoi, Sidi Bel-Abbès, importante ville d’Algérie et pôle universitaire par excellence, s’évertue audacieusement à relever le défi en proposant la création d’un festival international du cinéma. Cette initiative culturelle permettra de désenclaver la ville au niveau national et de la faire émerger au plan international…» «Le cinéma en Algérie, poursuivra Kader Kada, est né par les forceps, de la volonté d’exister internationalement et de s’inscrire dans le cortège des nations émergentes à même de concevoir et produire leur propre création culturelle et d’en assurer une diffusion élargie. Pour se démarquer de sa léthargie séculaire, le cinéma algérien doit être porté par des initiatives privées, tout en bénéficiant du concours de l’état. Il s’agit en effet d’assurer une production indépendante et de qualité, dans un environnement régulé, qui ne saurait être livré aux seules lois du marché. Depuis un quart de siècle, le petit écran algérien s’est imposé dans le paysage visuel algérien, diffusant trop largement une culture patchwork faite de mauvais feuilleton abrutissant. Si l’on considère que le rôle du septième art et avant tout d’être divertissant, on ne peut néanmoins vouloir le réduire à d’insipides production, humiliantes pour l’intelligence humaine. Il est donc temps d’insuffler un renouveau créatif au cinéma algérien et lui donner la place qu’il mérite par son potentiel créatif le dans le concert des nations cinématographiques. » «Â L’avènement de ce festival international s’inscrit dans une optique d’élévation culturelle, sans pour autant prétendre changer le cours de l’histoire… À Sidi Bel-Abbès, l’engouement pour la culture, et particulièrement pour le cinéma, ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, des tournages dans la capitale de la Mekerra ont vu défiler des stars de renommée mondiale: Sarah Bernhardt, Fernandel, Christian Marquand, Christian Jacques… Sans oublier des cinéastes de renommée, natifs de Sidi Bel-Abbès, comme Bachir Belhadj, Brahim Tsaki et le directeur de photo Boukerche qui écrivent aujourd’hui, à leur manière, l’histoire du cinéma algérien. La future Biennale de la Mekerra a trouvé déjà, en Jean-Pierre Garcia, un belabbésien de naissance qui préside actuellement aux destinées du dynamique festival international d’Amiens, l’un de ses plus actifs soutiens.


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