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Un discours d'un autre âge



Un discours d'un autre âge
S' il y a une prière à adresser à Dieu, c'est qu'aucune catastrophe naturelle majeure, un séisme par exemple du niveau de celui qui a ébranlé Chlef en 1980, n'affecte le pays. Des milliards et des milliards devront immédiatement être mobilisés pour sauver la population. Où trouver cet argent rapidement, lorsqu'on sait, dixit Ouyahia, que le Trésor public, en situation de faillite, ne pouvait même pas assurer les salaires du mois de novembre des fonctionnaires ' La planche à billets ' Cette monnaie de singe ne permettra aucune importation des biens et services commandés par l'urgence et son déversement massif sur le marché national fera exploser la masse monétaire en circulation avec de terribles conséquences sur le pouvoir d'achat des ménages.Mis à genoux par l'inflation et par l'appétit féroce du monde de l'informel, les Algériens n'auront d'autre choix que de verser dans la contestation, persuadés que c'est le seul langage que connaissent les autorités. Le Premier ministre n'intègre nullement dans ses plans les situations exceptionnelles, pas seulement celles liées aux caprices de la nature vis-à-vis desquelles l'Algérie est fortement exposée. Dans les mutations que subit la société algérienne, les forces négatives porteuses de déstabilisation sont multiples : déjà élevé, le chômage des jeunes va connaître des niveaux intolérables, l'Etat ne pouvant plus injecter de l'argent massivement comme durant les années précédentes.
Ce chômage sera exacerbé par une forte poussée démographique qui commence à bouleverser la pyramide des âges. Par ailleurs, les Algériens ne pourront pas tolérer qu'ils soient réduits à la totale précarité. Le discours officiel leur a toujours fait croire que l'Etat était en mesure de leur assurer bien-être et prospérité et qu'aucune crise interne ou externe n'est de nature à remettre en cause leurs «acquis» sociaux. Y compris lorsque le pétrole a commencé à chuter. Durant deux années, Sellal a nié la réalité de la crise et a tenu un discours démagogique. Un temps précieux a été perdu. Son successeur Tebboune a tenté une autre approche, mais il l'a payé de sa personne.
Ouyahia ne nie pas la gravité de la situation, mais il évite d'en évoquer les causes tout comme il avance de faux remèdes. A aucun moment il ne dit que c'est le pouvoir politique incarné par Bouteflika qui est la source des malheurs d'aujourd'hui et à venir. Lorsque le pétrole était à plus de 130 dollars le baril, et cela des années durant, l'économie productive qui aurait pu endiguer la crise n'a pas été construite.
L'argent est parti dans l'achat de la paix sociale et dans le gaspillage et la corruption. Seule une petite partie a été consacrée aux équipements publics.
Hier encore, c'est un discours d'un autre âge que le Premier ministre a tenu, oubliant que les Algériens d'aujourd'hui ne sont plus ceux des années 1990 et début 2000 : ils ont changé et sont devenus hermétiques aux discours démagogiques et aux mensonges d'Etat. Mieux informés, ils connaissent les réalités du pays, mais ils sont effarés par la glaciation du système politique, par l'absence, des années durant, d'un président de la République, le blocage total des grandes institutions réduites à ne fonctionner qu' au seul service de l'Exécutif et par la diabolisation des voix discordantes, notamment celles de l'opposition politique.
L'aspiration des Algériens est toute autre, exprimée à travers le boycott des dernières élections législatives : un nouveau système politique au seul service du citoyen et qui ne soit plus tributaire des ressources éphémères que sont les hydrocarbures et les diaboliques planches à billets.
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