Un déficit en communication préjudiciable

Lors de la rencontre qu'il a présidée ce dernier samedi regroupant les directeurs de la santé de wilayas et les responsables des centres hospitaliers de toutes les régions du pays, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a donné des instructions pour le lancement d'opérations de sensibilisation de proximité. Elles sont destinées à prévenir les intoxications alimentaires collectives.Louable initiative d'autant qu'elle intervient durant la période estivale marquée par l'organisation de cérémonies diverses synonymes de potentielles maladies. Elle est aussi marquée par la tendance généralisée du stockage des produits alimentaires périssables dans les établissements publics et privés de santé, les restaurants, fast-foods, crèmeries... Pour consolider son arsenal de prévention, le ministre a, via son département, instruit les responsables du secteur de la santé à tous les niveaux de la hiérarchie à l'effet d'intensifier les opérations de prévention et communication de proximité et à organiser les prestations sanitaires à travers les wilayas côtières.Il reste cependant que c'est dans la communication, à commencer par la cellule ministérielle chargée de cette mission constamment aux abonnés absents, qu'il existe un déficit très préjudiciable à la prévention. Dans son intervention, le ministre n'a pas fait dans le détail.Le contraire lui aurait imposé de révéler que, dans notre pays, les cas d'intoxication et piqûres scorpioniques se chiffrent annuellement par milliers et qu'ils sont en constante hausse d'année en année. Selon nos sources, celles alimentaires sont en tête de liste. Ils sont suivis des piqûres de scorpions et de prises de médicaments périmés.Existe-t-il un centre de lutte contre les intoxications et des pharmacies spécialisées dans le stockage des antidotes nécessaires pour l'amélioration de la prise en charge des intoxiqués ' Peut-on dire qu'en cas d'épidémie, les structures de santé centralisées ou décentralisées sont-elles en mesure de satisfaire les besoins, d'assurer la disponibilité et l'utilisation rationnelle des antidotes ' Quelles sont les dispositions du ministère de la Santé dans les régions à risques ophidiens élevés particulièrement en ces temps de pénurie internationale d'antidotes spécifiques 'Limitée aux seuls cadres de gestion des structures de santé, la rencontre, de ce samedi passé, aurait permis de mieux appréhender les risques d'intoxication avec la participation des vétérinaires et celle des représentants des services du contrôle et de la qualité du ministère du Commerce. Notamment ceux auxquels sont exposés les consommateurs générés par la prédominance de l'informel, la mauvaise gestion des marchés, le déficit en unités modernes d'abattage et de préparation de la viande blanche et l'abattage clandestin, l'importation de produits nocifs.D'autant que durant la saison estivale, le problème prend d'autres proportions avec la multiplication des laiteries, de restauration collective, vendeurs ambulants de glaces, de boissons gazeuses sans respect des conditions de conservation. Comme s'il s'agissait de liquider une «démarche obligatoire», Abdelmalek Boudiaf n'a pas voulu aller au fond. Ce qui lui aurait permis de savoir que la majorité de ses représentants au niveau des wilayas boudent pratiquement tout contact avec les gens de la presse.Le ministre a également omis d'aborder la nécessaire collaboration de ses services avec ceux des autres institutions de la République pour mieux appréhender les risques d'intoxication que créent les marchés et les étals anarchiques installés aux accès des plages. Cette situation donne, quotidiennement, un aperçu de désordre qui règne et des risques auxquels sont exposés les consommateurs.S'y ajoutent les légumes, fruits, poissons, produits laitiers, denrées alimentaires exposés à longueur de journée au soleil et à la poussière et s'ensuit la contamination des aliments d'origine animale (viande, poulet et produits carnés) à l'origine des nombreuses intoxications.